
03 Oct Restauration de la chapelle Saint-Denis
Depuis 2 semaines, nous découvrons avec émerveillement la chapelle Saint-Denis, enfin libérée de ses échafaudages, après 9 mois de restauration. Peinte par Félix-Armand-Marie Jobbé-Duval (1821-1889), ancien étudiant de l’école des Beaux-Arts de Paris, la chapelle rend hommage à saint Denis, patron du diocèse de Paris (avec sainte Geneviève, dont la chapelle est tout proche).
Sur le mur de gauche, saint Denis, entouré de ses 2 compagnons martyrs Eleuthère et Rustique, refuse de sacrifier aux divinités romaines.
Derrière eux, on aperçoit le haut d’un temple dédié à Mercure dont la statue est encensée, mais tout reste sombre, dans le monde des ténèbres. La lumière provient de la simple croix, tenue par le diacre Eleuthère, une croix qui domine aussi la puissance des armes symbolisée par ce centurion brandissant son épée. La menace des armes n’a pas d’effet pour ceux qui sont prêts à donner leur vie pour le Christ.
Sur la peinture de droite, les trois sont conduits au supplice sur l’ordre du préfet et déjà malmenés par les soldats.
Grégoire de Tours raconte que Denis a été envoyé depuis Rome vers 250, avec d’autres évêques, pour fonder l’Église en Gaule. Denis s’est fixé à Lutèce où il est assez rapidement arrêté puis exécuté avec ses deux compagnons, à l’endroit qui a ensuite été appelé, en sa mémoire, Montmartre (mons martyrum, le mont des martyrs).
Selon une légende, il aurait lui-même porté sa tête jusqu’au lieu où il a été finalement inhumé et où, selon La vie de sainte Geneviève, cette dernière obtint du clergé parisien l’érection d’une basilique sur sa tombe.
Sur la paroi du fond, une grande plaque de marbre perpétue le souvenir des 16 sulpiciens, prêtres et clercs de la paroisse qui furent, avec 3 évêques, 181 prêtres, 2 diacres, 1 clerc et 4 laïcs, martyrisés rue de Vaugirard, au couvent des Carmes, le 2 septembre 1792. Le couvent des Carmes (l’actuel séminaire des Carmes), avait été transformé en prison pour y enfermer les prêtres réfractaires à la Constitution civile du clergé. Un groupe de la section révolutionnaire du Luxembourg avait alors décidé de procéder au massacre systématique des prisonniers.
Cette plaque nous rappelle que la folie meurtrière peut rapidement s’emparer d’esprits qui s’emballent ou se font en partie manipuler, comme nous pouvons le voir dans de nombreux massacres de populations jusqu’à aujourd’hui. Mais elle témoigne aussi de l’admirable fidélité de ces évêques, prêtres, diacres et laïcs qui n’ont pas voulu renier leur foi et leur fidélité à l’Église.
Le 9 octobre à l’occasion de la fête de saint Denis, nous célébrerons les messes dans cette chapelle, ce qui nous permettra “d’inaugurer” liturgiquement la chapelle après les magnifiques travaux de restauration conduits par Mme Emilie Checroun et son équipe. Nous les remercions vivement, ainsi que la ville de Paris, la COARC, le maire du 6e et tous ceux qui ont voté au budget participatif en faveur de ce projet de restauration.
En faisant mémoire de saint Denis et de ses compagnons, nous entrons un peu plus profondément dans l’histoire de cette église de Paris dont nous sommes à présent les membres, appelés, nous aussi, à témoigner par notre fidélité de notre vie à la force de l’Évangile.
Henri de La Hougue