14 Nov Dilexi te
Je poursuis ma présentation de l’exhortation apostolique “Dilexi te”, commencée la semaine dernière.
Le 1er chapitre nous rappelait l’attention permanente à garder vis-à-vis des plus pauvres.
Le 2e chapitre, dans un rapide parcours biblique de l’Ancien et du Nouveau Testament, insistait sur l’attention particulière de Dieu vis-à-vis des pauvres et sa compassion pour la faiblesse de l’humanité tout entière.
Le 3e chapitre présentait, à travers l’histoire de l’Église, la créativité des saints et des fondateurs pour lutter contre toutes les formes de pauvretés.
Le 4e chapitre, « une histoire qui continue », témoigne de l’engagement de l’Église dans le domaine de la doctrine sociale depuis plus d’un siècle.
Au concile Vatican II, le lien intrinsèque entre l’Église et les pauvres est exprimé avec une clarté inédite (85).
À la lumière de ces enseignements, les évêques d’Amérique Latine ont qualifié les structures d’injustice de “péché social” (90).
Dans l’encyclique “Dilexit nos”, le pape François a rappelé que le péché social prend forme comme “structure de péché” quand on en vient à considérer normal d’ignorer les pauvres ou de vivre comme s’ils n’existaient pas (93).
Nous devons donc d’urgence nous engager à résoudre les causes structurelles de la pauvreté (94) et à œuvrer de manière efficace pour la transformation de la société (95).
Paradoxalement, la présence active des pauvres dans une communauté constitue une richesse. L’expérience de la pauvreté leur donne une capacité de reconnaître des aspects de la réalité que d’autres ne réussissent pas à voir, et d’autres manières de vivre la foi. C’est pourquoi la société, comme l’Église, a besoin de les écouter et de les accueillir (100).
Dans cette perspective, nous pouvons même nous laisser évangéliser par les pauvres et reconnaître la mystérieuse sagesse que Dieu veut nous communiquer à travers eux (102).
Le 5e chapitre, “un défi permanent”, présente l’amour des pauvres comme la garantie évangélique d’une Église fidèle au cœur de Dieu.
Les chrétiens ne peuvent pas considérer les pauvres seulement comme un problème social : les pauvres font partie de notre famille chrétienne. Comme dans la parabole du bon samaritain, le Christ nous dit, en nous invitant à devenir le prochain de ceux qui ont besoin de nous : “Va ! Toi aussi fais de même !”
Une Église qui ne se préoccupe pas des pauvres qui l’entourent et ne cherche pas à coopérer avec efficacité pour que les pauvres vivent dignement et qu’ils puissent être intégrés à la communauté, court le risque de se désagréger. « Elle finira par être dominée par la mondanité spirituelle, dissimulée sous des pratiques religieuses, avec des réunions infécondes et des discours vides » (113).
Ce dernier chapitre insiste également sur l’aumône, qui n’a pas bonne réputation aujourd’hui, souvent même parmi les croyants. Non seulement elle est rarement pratiquée, mais elle est parfois même méprisée.
Même si elle ne remplace pas le travail de fond pour lutter contre la pauvreté, elle invite au moins à s’arrêter et à regarder la personne pauvre en face, à la toucher et à partager avec elle quelque chose de soi-même (118).
Le pape François avait beaucoup insisté, durant son pontificat, sur l’attention aux pauvres et l’accueil inconditionnel des migrants, au risque d’en faire un point de crispation avec les responsables politiques qui luttent légitimement contre les trafics de migrants. Le pape Léon, en terminant l’exhortation apostolique commencée par François, tient à souligner l’attention continue de l’Église catholique dans la lutte quotidienne contre la pauvreté sous toutes ses formes et la nécessité de ne pas céder à une mentalité qui considérerait normal la présence d’une extrême pauvreté dans des pays où on pourrait pourtant mieux la prendre en charge.
Pour ma part j’y vois un rappel toujours nécessaire, qui sans chercher à nous culpabiliser, nous invite régulièrement à faire le point personnellement, en famille, ou en communauté, en nous demandant ce que nous pouvons faire pour ceux qui ont le plus besoin de nous ; et aussi à relire ensemble la manière dont l’accueil de plus pauvres a pu nous enrichir et nous faire progresser dans notre relation avec Dieu.
Henri de La Hougue