05 Déc Je crois en l’Église “ SAINTE ”
Je poursuis ici la présentation des 4 notes de l’Église: “une”, “sainte”, “catholique” et “apostolique”.
Après la publication du rapport Sauvé révélant l’ampleur des abus sexuels dans l’Église catholique en France, plusieurs paroissiens m’ont fait part de leur réticence à proclamer, dans le Credo, la deuxième “note” de l’Église : « je crois en l’Église “sainte” » et j’avoue que j’ai ressenti le même malaise.
Que signifie cette sainteté de l’Église ? Peut-on toujours l’affirmer sans hypocrisie, sans idéalisme ou sans naïveté ?
Dieu seul est saint !
Ce qui est rassurant, dans cette perspective, c’est que la liturgie dominicale elle-même, par le chant du Gloria, rappelle la base fondamentale affirmée dans toute la Bible : Dieu seul est saint. “Toi seul est saint, Toi seul est Seigneur !” Dès lors, on comprend bien que la sainteté de l’Église, affirmée dans le Credo, ne peut être que relative à l’unique sainteté de Dieu.
L’Église est sainte par sa fondation et par l’action en elle de l’Esprit Saint
En proclamant la sainteté de l’Église, nous affirmons qu’elle a été fondée et voulue par le Christ et que l’Esprit Saint y est constamment en train d’agir pour mener le monde à son terme : la communion avec Dieu, l’unique Saint.
L’Église n’est pas réductible à sa hiérarchie, même si le titre saint est souvent utilisé pour désigner le pape :“Très saint Père”, “Sa sainteté, le pape”… On comprend bien que le qualificatif saint ne désigne pas l’homme, mais sa fonction de successeur de Pierre, appelé à guider une Église qui est le “signe et le moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain” (Concile Vatican II, Lumen Gentium 1).
Lorsque la lettre de Saint Pierre (1 P 2,9) évoque la sainteté du peuple de Dieu, la “nation sainte”, c’est en fonction de sa destination au salut et de sa mission qui consiste à participer à l’œuvre de sanctification du monde en témoignant des merveilles que le Christ accomplit dans nos vies : “Mais vous, vous êtes une descendance choisie, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple destiné au salut, pour que vous annonciez les merveilles de celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière”.
L’Église est sainte, bien que constituée de personnes pécheresses
La constitution sur l’Église du concile Vatican II l’affirme sans ambiguïté :
“Mais tandis que le Christ saint, innocent, sans tache (He 7, 26) ignore le péché (2 Co 5, 21), venant seulement expier les péchés du peuple (cf. He 2, 17), l’Église, elle, enferme des pécheurs dans son propre sein, elle est donc à la fois sainte et toujours appelée à se purifier, poursuivant constamment son effort de pénitence et de renouvellement” (Lumen Gentium 8).
Les membres de l’Église sont constamment appelés à la sainteté, une tâche exigeante, dont l’Église reconnaît que seuls certains membres peuvent être donnés sans difficulté comme modèles de sainteté ; la canonisation est proclamée après une longue procédure d’enquête et la nécessité de signes miraculeux qui viennent souligner la fécondité de la dévotion du futur saint. Beaucoup d’entre eux ont été déclarés saints à la suite de leur martyr, montrant leur attachement indéfectible au Christ et aux personnes auprès desquelles ils avaient été envoyés.
Conclusion
Au fond, la proclamation de la sainteté de l’Église, nous rappelle notre vocation qui est d’abord : l’union mystique avec Dieu.
La sainteté ne tient ni à l’effort moral, ni à la perfection humaine, ni à la réussite sociale, elle est constituée par l’union à Dieu. Le chrétien est saint dans la mesure où il est uni à Dieu par Jésus dans l’Église. Une personne sainte n’est ni une personne qui ne fait jamais de péché ni une personne qui ne se trompe jamais, c’est une personne qui accepte, lorsqu’elle chute, de rester unie à Dieu, de demander pardon, de se relever et de travailler sans cesse à faire grandir cette union dans l’amour dont elle témoigne pour Dieu et pour les autres.
Un beau programme pour notre temps d’Avent !
Henri de La Hougue