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« Regarder les autres comme des frères et sœurs pour sauver le monde »

« Regarder les autres comme des frères et sœurs pour sauver le monde »

Après trois premiers chapitres, présentés la semaine dernière, voici le résumé des chapitres quatre à huit de l’Encyclique « Fratelli Tutti ».
Après avoir décrit les « ombres de notre monde » contemporain, commenté en contrepoint la parabole du bon samaritain et abordé quelques pistes d’ouverture, le pape dans le chapitre quatre nous invite à avoir un « cœur ouvert sur le monde ». Il invite particulièrement à porter un autre regard sur les migrants : Les personnes différentes arrivant d’un autre contexte de vie et de culture sont d’abord un don, une opportunité d’enrichissement et de développement intégral pour tous (133). Leur richesse culturelle peut enrichir la nôtre si un dialogue confiant est vécu (134).


La conviction du pape est que : « aujourd’hui, soit nous sauvons tout le monde, soit personne ne se sauve », car la pauvreté et la déchéance, si on ne les attaque pas en commun, finiront par affecter toute la planète (137).  
Ce qui est premier ne doit pas être la recherche d’intérêts, mais la gratuité, comme cela se vit au sein d’une famille avec une personne qui a plus besoin d’aide (141). L’horizon universel et l’ouverture aux autres ne portent pas atteinte à l’identité personnelle, mais au contraire, permettent son épanouissement (150).
Dans le chapitre cinq, le pape donne des pistes pour revaloriser une saine notion de la politique. La notion de politique est souvent dévalorisée à cause des populismes ou d’un libéralisme qui ne cherche qu’à préserver l’intérêt des plus riches (155). La politique doit d’abord « assurer à chacun la possibilité de faire germer les semences que Dieu a mises en lui, ses capacités, son sens d’initiative, ses forces », notamment en favorisant l’accès au travail pour tous (162).
Il est nécessaire de promouvoir un travail d’éducation, un développement des habitudes solidaires et une capacité de penser la vie humaine plus intégralement avec une profondeur spirituelle (167). 
Pour le pape, il s’agit de « progresser vers un ordre social et politique dont l’âme sera la charité sociale » (180). Cette charité doit s’exprimer non seulement dans des relations d’intimité et de proximité, mais aussi dans des « macro-relations : rapports sociaux, économiques et politiques » (181). Elle peut être mise en œuvre directement auprès d’une personne (amour « élicite »), ou bien indirectement par la création d’institutions ou de structures saines et justes qui contribueront à cette charité (amour « impéré ») (186).
En politique, il est aussi possible d’aimer avec tendresse, en se rendant proche des plus pauvres de nos frères (194), même si cela ne permet pas de tout résoudre. Celui qui ne vit pas pour une simple recherche de pouvoir mais est sûr d’avancer réellement dans cette charité féconde (195).
Le chapitre six fait le lien entre le dialogue et l’amitié sociale.
Entre l’indifférence égoïste et la protestation violente, le dialogue est pour le pape François la seul voie constructive (199). Ce dialogue n’est ni une succession de monologues (200), ni un ensemble de critiques disqualifiant ceux qui ne pensent pas comme nous (201), ni encore la recherche d’avantages personnels (202). Le dialogue véritable est une « capacité à respecter le point de vue de l’autre en acceptant qu’il contienne quelque conviction ou intérêt légitime » (203). Ce dialogue ne doit pas aboutir à un relativisme qui se contente de vérités simplistes imposées aux autres (206), mais se fonder toujours sur le respect de la dignité humaine (207). 
Il doit aussi prendre en compte des valeurs permanentes qui sont au-dessus des recherches de consensus, notamment le respect en toute situation de la dignité d’autrui et la dignité inaliénable de tout être humain (213).
Il faut développer une véritable culture de la rencontre, où cette rencontre devient une passion, un désir et un mode de vie, que l’on a envie de transmettre aux générations futures (216).
Dans le chapitre sept, le pape propose des « parcours pour se retrouver » après des blessures ou des conflits. 
Il invite à entrer dans un dialogue en vérité, à cultiver une « mémoire pénitentielle capable d’assumer le passé pour libérer l’avenir » (226). Cette construction n’est possible que si un sentiment fondamental d’appartenan-ce demeure vivant en chacun, comme cela existe dans une famille où on peut aider un membre en difficulté sans avoir l’impression de se perdre (230). Une « architecture de paix » peut alors se mettre en place où chaque artisan façonne, selon sa compétence, cette paix sociale. (231).
Même si certains pensent que les conflits sont inéluctables et d’autres que le pardon et la réconciliation sont des marques de faiblesse (236), le pardon a pour nous chrétiens une valeur fondamentale (237). Pardonner ce n’est pas être naïf, ni renoncer à sa propre dignité (241). Le pardon libre et sincère n’est pas non plus l’oubli, mais il reflète l’immensité du pardon divin (250). Celui qui pardonne renonce à être possédé par la même force de destruction dont il a été victime, il renonce au cercle vicieux de la violence et de la vengeance (251).
La guerre est une menace constante dans notre monde. La guerre est toujours un échec, c’est « la négation de tous les droits et une agression dramatique contre l’environnement » (256-257). Quant à la peine de mort, elle est inadmissible (263). Il est normal que la justice de l’autorité publique légitime s’exerce (264), mais tuer un homme restera toujours un crime (265).
Dans son huitième et dernier chapitre, le pape montre comment les religions peuvent être au service de la fraternité dans le monde.
Les religions, par leur valorisation de chaque personne comme créature de Dieu, offrent une contribution précieuse à la construction de la fraternité pour la défense de la justice et de la société. Le dialogue entre les personnes de différentes religions, en vue d’obtenir l’amitié, la paix et l’harmonie et de partager des valeurs, des expériences morales et spirituelles dans un esprit de vérité et d’amour, est une vraie ouverture pour la fraternité universelle (271). Chercher Dieu d’un cœur sincère (sans utilisation idéologique de la religion) aide à nous reconnaitre compagnons de route et vraiment frères (274).
L’Église valorise l’action de Dieu dans les autres religions, mais affirme clairement la joie de l’Évangile qui habite le cœur des chrétiens : il y trouve la source de la dignité humaine et de la fraternité (277). La dimension catholique, c’est-à-dire universelle, de l’Église invite les chrétiens à s’engager sur les chemins de la fraternité universelle (278), à demander la liberté religieuse pour les croyants de toutes les religions (279) et à œuvrer à l’intérieur de l’Église pour l’unité de tous ses membres (280).
Un cheminement de paix est possible entre les religions (281). Sans cacher nos différences, mais au contraire avec un sens plus aigu de l’adoration de Dieu et de l’amour du prochain, nous nous trouvons ensemble face au défi de bâtir la paix et de lutter contre toute forme de violences (282), surtout quand elles sont justifiées par des chefs religieux (283-284).
En conclusion de son encyclique, le pape reprend l’appel à la paix fait avec le grand Imam Ahmad al-Tayyeb lors de la déclaration d’Abu Dhabi en 2019. Tous les deux s’étaient engagés au nom de la fraternité humaine à adopter une culture du dialogue nourrie de collaboration commune et de connaissance réciproque. (285)
Les personnages qui ont principalement inspiré le pape François pour la rédaction de cette encyclique ont été St François d’Assise, Martin Luther King, Desmond Tutu, Gandhi… mais aussi particulièrement la figure du bienheureux Charles de Foucauld qui a fait un cheminement de transformation jusqu’à se sentir frère de tous les hommes et femmes (286).
L’encyclique se termine par une prière au créateur et une prière chrétienne œcuménique.


Père Henri de La Hougue