10 Jan Examen de conscience baptismal !
Il y a tant de baptisés dans le monde, et pourtant la violence continue de sévir à nos portes. Il y a tant de baptisés dans notre paroisse, voire dans notre Église, et rien ne semble changer… Est-ce donc que le baptême n’aurait aucun sens ? Qu’à l’heure du Covid, il faudrait croire à la sainte parole médicale et qu’il serait un peu désuet de mettre sa foi dans une parole, semble-t-il, un peu lointaine ? Alors que cette fête du baptême du Christ vient clore ce cycle de Noël et que dans quelques minutes nous allons baptiser un petit enfant de notre communauté paroissiale, qu’est-ce que le baptême ? Une tradition familiale qui se perd ? Un rite de passage ? La transmission des valeurs chrétiennes ? Si c’est cela, je rend mon étole, et je lance un business dans l’informatique… Ça me rapportera plus que d’être prêtre. Car si le baptême ce n’est que cela, ma vocation de prêtre n’a plus de sens. Alors, que nous soyons de vieux baptisés depuis quelques dizaines d’années ou de jeunes baptisés, je vous propose ce matin un petit examen de conscience baptismal…
Le baptême c’est une soif : toutes les lectures d’aujourd’hui nous orientent vers ce thème de l’eau. Celui qui a déjà grimpé en montagne par temps chaud a expérimenté dans sa chair ce que signifie avoir soif. Car Dieu a inscrit dans le cœur de l’homme une soif d’absolu, une soif d’éternité, une soif de vie. Cette soif, ce n’est ni Apple ni Cnews ni l’abonnement Louvre illimité qui pourront la combler. Ni l’ambition ou la réussite professionnelle. Cette soif, c’est celle du cœur de l’homme qui est fait pour le cœur de Dieu. « Tu nous as faits pour toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos tant qu’il ne demeure en Toi » disait Saint Augustin. Notre cœur a-t-il vraiment soif de Dieu ? Laissons-nous vraiment résonner ce désir dans nos vies ? Ou sommes-nous des baptisés qui se noient dans une boisson qui ne désaltère pas ?
Le baptême est un don. C’est d’abord un don que Dieu fait. Au jour de mon baptême, Dieu m’adopte comme son Fils bien-aimé, sa fille très chère. « Tu as du prix à mes yeux et je t’aime ». Au jour du baptême et jusqu’à la fin de nos jours, le Seigneur nous comble d’un amour gratuit, débordant, parfait. Bien sûr je peux le renier, je peux dire « je ne t’aime plus » mais les dons de Dieu sont sans repentance. Chaque jour il est présent, discrètement, dans ma vie. Il pose la main sur mon épaule, et se tient prêt dans le silence. Ai-je conscience de son amour offert ? Gratuit ? Permanent ? Est-ce que j’accepte de me laisser aimer, regarder, contempler par le Père ? Est-ce que j’accepte d’être son enfant à qui il fait miséricorde, en qui il espère ?
Le baptême est un risque. À l’heure des assurances ou des vaccins, des prévoyances et des lois à tour de bras… le risque n’a pas bonne presse. Et pourtant, être baptisé, adopté par Dieu, c’est prendre le risque d’être contaminé par la parole de Dieu, de la prendre au sérieux. De croire que l’amour est plus fort que la haine. C’est prendre le risque du pardon ou celui de la compassion. Prendre le risque d’un accueil généreux de toute vie. Prendre le risque d’être moqué ou méprisé. Prendre le risque d’une vie simple. Prendre le risque de porter sa croix. Le baptême, c’est aussi prendre le risque d’être enflammé du feu de l’Esprit. Le feu qui purifie et qui transforme, le feu qui réchauffe le cœur des croyants.
Enfin, le baptême est une mission. L’heure n’est plus dans notre paroisse à attendre que les gens toquent à la porte en foules entières pour demander le baptême. Même dans vos familles ce n’est plus le cas, et je sais que vous en souffrez. Le baptême ne nous est pas donné pour que nous nous gavions en solitaire de l’abondance des grâces de Dieu, en nous disant « tant pis pour les autres », Le baptême ne nous est pas donné non plus pour fanfaronner en disant à tous : « Héhé, moi je suis un bon baptisé vous savez… » Le baptême nous est donné pour que nous enflammions le monde. Le baptême nous est donné pour que nous soyons les témoins de l’espérance dans le monde. Le baptême nous est donné pour que nous soyons missionnaires de la bonne nouvelle auprès de la caissière de Monoprix ou du PDG de l’entreprise.
Si le baptême est une soif, un don, un risque et une mission, alors il doit y avoir quelque chose à changer, non pas seulement en nous… mais également autour de nous.
Puissions-nous, frères et sœurs bien aimés, par le chant de la litanie des saints, demander à Dieu d’être d’authentiques témoins du baptême pour cet enfant à qui nous allons donner la grâce de Dieu dans un instant.
P. Raphaël Cournault