09 Avr De la nuit de la passion à la lumière du ressuscité
« De grand matin, le premier jour de la semaine, les femmes se rendent au tombeau dès le lever du soleil ».
Homélie de la vigile de l’aube de Pâques
Nous nous sommes levés cette année de grand matin. Nous avons commencé cette vigile dans la nuit et nous la terminons dans la lumière.
Ce passage de la nuit à la lumière se vit chaque jour, mais aujourd’hui en cette fête il prend une signification toute spéciale parce que nous avons vu la lumière du ressuscité se répandre dans l’obscurité de notre église et de nos vies.
Après 40 jours où nous cherchions à sortir de l’obscurité…
Pendant ces 40 jours la liturgie nous a aidé à prendre conscience de nos enfermements, de l’obscurité dans laquelle nous plonge ces refus de Dieu et ces manques d’amour qui caractérisent si souvent nos vies quotidiennes.
Nous avons pu mieux réaliser que nous ne nous en sortirions pas tout seul, que nous avions besoin de la force de Dieu, pour faire ce passage de nos enfermements à la libération, comme le peuple d’Israël a eu besoin de la force de Dieu pour passer de l’esclavage en Égypte à la libération dans la terre promise.
Cela a culminé dans le temps de la passion où les ténèbres ont semblé prendre le dessus, où la cruauté et l’injustice ont semblé avoir le dernier mot. À travers la mise à mort du Christ, nous avons médité sur nos propres refus de Dieu, ceux de notre société, les situations de souffrances, de violence et de haine, dont les informations abreuvent chaque jour. La pandémie avec ses conséquences médicales, psychologiques et économiques est venue ajouter un niveau de plus à la crise que traverse notre humanité. Ces trois derniers jours, avec une centaine d’entre vous, nous avons prié l’office des ténèbres, tous les matins, pour implorer Dieu de manifester sa lumière dans nos vies.
Si nous en restions là, il y a vraiment de quoi sombrer dans le pessimisme et la dépression. Dieu apporte-t-il vraiment quelque chose de neuf dans notre vie ? Peut-on vraiment avoir une raison d’être heureux dans notre société ?
Ça, c’est le temps des ténèbres : c’est quand nous regardons notre vie sans la lumière que la résurrection vient nous apporter…
… Le Christ ressuscité nous apporte la lumière de la vie!
Et ce matin, comme les femmes qui se rendent au tombeau, qui commencent leur marche vers le tombeau en pensant y trouver le Christ mort, nous sommes invités à nous émerveiller parce qu’un évènement extraordinaire vient bouleverser notre regard, le faire passer des ténèbres à la lumière : le Christ est ressuscité.
Avec elles, nous sommes invités à passer du pessimisme à l’espérance, de la lassitude à l’émerveillement, de l’obscurité à la lumière…
Non pas parce que ces situations de détresses auraient disparu, mais parce que nous réalisons qu’elles sont secondaires par rapport à ce que Dieu nous propose de vivre.
Qu’est-ce que cela change dans nos vies que le Christ soit ressuscité ?
D’abord cela nous permet de réaliser que ni le péché, ni la mort n’auront le dernier mot : ce que Dieu nous propose c’est la vie et une vie qui continue après la mort pour l’éternité : une vie où il n’y aura plus de souffrance ni de mal. Cette espérance donne sens à notre vie présente. Cette espérance n’est pas un rêve, mais une réalité, attestée par les apôtres et par tous ceux qui ont donné leur vie pour en témoigner.
Cela nous permet de contempler, dès à présent les forces de vies et de pardon qui nous permettent de relever la tête, de vivre une relation heureuse avec Dieu et avec ceux et celles qui nous entourent. Les souffrances et les péchés restent, mais ils n’ont pas le dernier mot.
Certains diront : c’est l’histoire du verre à moitié plein et à moitié vide, suivant la manière dont on le regarde. Mais justement le Christ aujourd’hui nous invite à regarder le verre à moitié plein.
- Le vide n’a pas de consistance, c’est un manque… comme nous avons pu le constater pendant ces derniers jours alors que nous méditions sur nos enfermements et nos ténèbres…
- mais le plein nous savons de quoi il est fait : c’est la force de l’amour, la force de vie qui nous vient de Dieu et qui nous permet de construire avec joie, même dans l’adversité. Parce que c’est un plein qui ne peut pas se vider et qui ne peut que se remplir.
Le Christ n’est pas seulement ressuscité, il est vivant et présent dans nos vies
Le Christ n’est pas seulement ressuscité, mais il est vivant auprès de nous aujourd’hui. Et je veux vraiment remercier nos trois témoins de ce jour Arthur, Christian et Francesco, qui, par leur baptême, après deux années de cheminement et d’approfondissement viennent nous redire à nous qui sommes baptisés depuis des années combien le Christ est toujours vivant dans nos vies.
- Il est vivant comme un compagnon de route, cheminant à nos côtés, nous tenant la main pour traverser les épreuves de nos vies, nous laissant courir devant quand il n’y pas de danger, nous portant quand c’est nécessaire.
- Il est vivant au plus intime de nous-même : comme l’a dit Ezéchiel, il a ôté de notre chair le cœur de pierre et nous a donné un cœur de chair
- Il vient à notre rencontre dans les sacrements, chaque fois que nous le désirons pour nous donner le pardon, nous faire prendre conscience de sa présence dans les moments les plus importants de notre vie, à chaque fois que nous sommes dans l’épreuve de la maladie ou encore chaque fois que nous nous rendons à la messe.
- Il vient à notre rencontre dans les personnes qu’il met sur notre route, même les plus pauvres, ceux qui vu de loin n’apportent rien à la société, mais qui, vu de près nous permettent d’approfondir qui est le Christ.
Alors joyeuse fête de Pâque à tous : le Christ est ressuscité