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les richesses qui nous empêchent d’atteindre Dieu

les richesses qui nous empêchent d’atteindre Dieu

(Homélie du 28e dimanche du temps ordinaire de l’année B. Mc 10, 17-27)

« Comme il est difficile à ceux qui possèdent des richesses d’entrer dans le royaume de Dieu »

De prime abord, cet évangile est un peu déprimant : d’une part parce que nous faisons globalement partie des populations riches de la planète et d’autre part parce qu’on a l’impression que quoi qu’on fasse, le salut nous semble vraiment hors de portée.

En réalité, le Christ veut nous inviter à un approfondissement : Oui, pour les hommes, c’est impossible d’être sauvé… si « être sauvé » signifie : arriver par soi-même à un état de perfection qui nous permette :

  • de sortir définitivement du lot des pécheurs,
  • de n’être plus confrontés aux épreuves ou aux difficultés matérielles,
  • de n’être plus soumis au péché : c’est-à-dire d’être libre de tout ce qui nous enferme.

On aimerait bien parfois qu’il y ait dans vie avec Dieu et dans la prière un effet de cliquet : on ne pourrait que monter et on ne pourrait plus redescendre… ça serait très commode : chaque progrès spirituel serait un acquis, une fois pour toute…

Mais malheureusement… ou heureusement dans un certain sens, la vie avec Dieu est une relation vivante dans laquelle notre liberté, nos sentiments, notre volonté, nos désirs sont sans cesse mis à contribution.

Une relation non-entretenue se désagrège petit à petit tandis qu’une relation entretenue s’approfondit de jour en jour.

Le jeune-homme riche de l’évangile

Ce jeune-homme riche de l’évangile, il est apparemment assez formidable et assez exemplaire :

  • il a un vrai désir de parvenir à la vie éternelle
  • pour cela il est très exigeant avec lui-même : il a pratiqué tous les commandements depuis sa jeunesse
  • et en plus il s’intéresse à Jésus car il le voit faire des signes et des guérisons qui témoignent du Royaume de Dieu.

Jésus voit ce cœur plein de désirs du jeune-homme : il pose son regard vers lui et il l’aime : il est touché par son grand désir de perfection pour Dieu.

Mais parce Jésus l’aime, il lui dit simplement ce qui fait encore obstacle à l’accueil du Royaume de Dieu : sa richesse à laquelle il est encore trop attachée.

Le voyant partir, Jésus continue, avec ses formules-chocs : « il est plus difficile à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu qu’à un chameau de passer par le trou d’une aiguille ».

Les richesses lorsqu’elles sont vues comme une fin et non comme un moyen sont un véritable obstacle pour le Royaume de Dieu.

  • Ce jeune-homme qui veut faire la volonté de Dieu, ce qu’il le définit c’est qu’il est riche.
  • On ne connaît pas son nom, mais uniquement cette caractéristique. 
  • Peut-être que c’était sa notoriété, peut-être la manière dont il était habillé… mais visiblement cela faisait partie ce par quoi il se définissait.
  • S’il est riche en étant jeune-homme, c’est qu’il a reçu sa fortune en héritage et voici qu’il veut recevoir également « en héritage » la vie éternelle, comme si les deux étaient au même niveau.

Dès lors, cette richesse devient un obstacle pour avancer sur le chemin de Dieu. Si sa richesse n’était qu’un moyen, comme celle de Zachée après sa conversion, comme le bon samaritain, pour se rendre davantage attentif à son prochain, alors elle ouvrirait un chemin vers Dieu.

Quand les richesses deviennent un moyen pour avancer vers Dieu

Celui qui considère les biens reçus comme un but, une finalité, ne peut pas vraiment accueillir Dieu, celui qui les considère comme un simple moyen et qui accepte d’être avant tout un disciple du Christ, celui-là avance à grand pas vers le Royaume.

C’est valable pour toutes sortes de richesses : richesses matérielles, richesses culturelles, richesses intellectuelles, relationnelles, technologiques… tout ce qui nous enferme sur nous-même, devenant une fin en soi, au lieu d’être un formidable moyen d’ouverture aux autres et à Dieu, constitue un obstacle pour le royaume.

Au contraire la prise de conscience de nos pauvretés, dès lorsqu’elle nous pousse à nous appuyer davantage sur Dieu et sur les autres peut nous permettre d’avancer.

Lorsque l’église considère son institution comme une finalité à préserver…

Il m’est difficile de ne pas mentionner le rapport de la commission indépendance sur les abus sexuel dans l’Église qui a été rendu public mardi dernier et qui a été un tel choc pour l’Église et la société.

Tant que les structures institutionnelles de l’Église étaient vues comme un bien inattaquable, comme une richesse sur lesquelles l’Église pouvait s’appuyer pour se protéger et se sentir épargnée de ce mal qui pourtant la rongeait de l’intérieur, tant qu’elle se considérait par principe « à l’abri » de ses crimes… les richesses de son organisation et de sa structure l’empêchaient de regarder la situation en face et de progresser vers le Royaume de Dieu.

Elle a essayé de défendre cette richesse à tout prix, comme le souligne le rapport : « l’Église catholique a très longtemps entendu d’abord se protéger en tant qu’institution et elle a manifesté une indifférence complète et même cruelle à l’égard des personnes ayant subi des agressions ».

Cela l’a empêchée d’entrer dans le chemin de conversion qu’elle avait à vivre pour témoigner humblement de la miséricorde de Dieu.

Maintenant que sa pauvreté est dévoilée, elle va pouvoir commencer ce travail de vérité, de pardon et de réconciliation si nécessaire et avancer plus humblement à la suite du Christ.

A chacun de nous, à notre niveau, d’entendre cet appel à la conversion pour que toutes nos richesses, quelles qu’elles soient, deviennent un moyen d’ouverture vers Dieu et vers les autres.