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Les acteurs de la liturgie

Les acteurs de la liturgie

En trois conférences sur la liturgie nous ne pouvons qu’effleurer le sujet. Il me revient de vous parler de la liturgie de la Parole et peut-être, de façon plus générale, de la première moitié du temps de la messe. C’est pourquoi de façon simple je ne parlerai ici, dans “Tous Frères”, que de l’introduction de la messe. Pourquoi dois-je participer à la messe ?
Aujourd’hui il n’est pas exceptionnel que les enfants qui ont fait leur première communion ne communient pour la seconde fois que lorsque leur aumônier décide d’organiser une messe à l’heure du catéchisme. Et pourtant il y a une “obligation dominicale” qui, lorsqu’elle n’est pas assurée, est un péché. Ce terme, difficile à entendre, exprime tout simplement que l’Esprit-Saint au plus profond de nous-même, par des cris ineffables, nous pousse à venir à la messe le Dimanche. S’il y a un péché, ce n’est pas que notre volonté n’est pas éclairée, mais c’est parce qu’en vérité nous rejetons cette motion de l’Esprit- Saint qui, en nous, nous pousse à aller à l’église, pour retrouver tout le peuple chrétien.

Le péché n’est pas dans l’obligation non honorée mais dans le refus d’entendre en nous cet appel de l’Esprit. Vous le savez bien, nous ne sommes plus sous l’emprise de la Loi, mais nous sommes sous l’emprise de l’Esprit qui fait de nous des hommes libres. Aussi c’est nous, avec notre conscience, qui devons décider comment répondre à l’appel de l’Esprit-Saint. Pourquoi ce rappel essentiel, je veux dire “qui fait l’essence de la messe” ? Pour nous souvenir que la messe est un acte qui nous concerne et qui nous dépasse. Il nous convient, alors même que sa profondeur nous échappe. Nous venons à la messe non d’abord parce que nous en avons envie mais parce que nous en avons besoin et l’Esprit-Saint nous le rappelle.
Pourquoi accueillons-nous le prêtre ?
Au début la messe, vous vous levez, et liturgiquement le chant commence, car c’est un chant qui vient du cœur et qui montre que c’est le même Esprit qui nous habite tous. C’est alors que, rassemblés par l’Esprit, nous nous constituons comme le corps du Christ et que le prêtre comme son chef, sa tête si vous préférez, vient manifester sa présence. Le prêtre ne représente pas, à lui seul, le Christ : imagine-t-on une tête sans corps ? C’est pourquoi il y a cette procession d’entrée qui n’est pas l’accueil d’un dignitaire, mais l’accueil de celui qui manifeste que l’Esprit nous constitue comme un corps qui a besoin de se constituer comme un seul être, dans le Christ.
Puis, le prêtre, en rentrant dans le sanctuaire, va embrasser l’autel, à l’endroit où se trouve une relique d’un martyre. Il signifie l’obéissance que va faire le Fils au Père, et donc que son Église va faire, en s’offrant en sacrifice saint, en obéissant à la volonté du Père.
Si le prêtre monte à l’autel, c’est au nom de toute l’Église, Église dont les membres sont appelés à s’unir en offrande agréable à Dieu. L’autel est le lieu du sacrifice. Et le Christ, où est-il ? Alors juste un mot, c’est à dire un mot de plus pour nous laisser de plus en plus ajuster par Dieu. La présentation générale du Missel romain – (c’est un peu le guide de lecture du missel) – signale : “le peuple de Dieu est rassemblé sous la présidence du prêtre qui représente la personne du Christ, pour célébrer le sacrifice eucharistique”. Le texte continue en disant : “le Christ est réellement présent dans l’assemblée, elle-même réunie en son nom, dans la présence du ministre, dans sa parole et aussi, mais de façon substantielle et continuelle, sous les espèces eucharistiques”. Il ne s’agit pas d’équiparer: l’assemblée, le prêtre, la parole de Dieu et les espèces eucharistiques ; ces modes de présence se complètent et n’arrivent pas à la même perfection de la représentativité de l’objet qu’ils sont censés représenter. Ce que je veux souligner, c’est que la place du prêtre dans la liturgie, sa place, ou sa fonction, n’est pas toujours la même au cours de la messe. Quelle que soit la forme de la messe que vous utilisez, vous voyez bien que l’évêque commence par arriver avec sa crosse et sa mitre, et qu’il va s’en dépouiller en rentrant dans le chœur : de chef du corps du Christ, il passe à un rôle concentrant sur lui la présence du Christ ; plus tard dans la liturgie, il va s’effacer devant les espèces eucharistiques, c’est pourquoi l’évêque retire alors jusqu’à sa calotte. Ce qui est signifié par les insignes de l’évêque est aussi vrai pour le simple prêtre célébrant. Le rôle du prêtre ne va pas être toujours le même, et il en est de même pour l’assemblée. N’oublions pas cela dans nos liturgies au risque de ne pas être juste.


Henri Châtelet