En direct
[vc_separator type='transparent' color='' thickness='' up='20' down='7']
Contactez nous !
Aidez nous !

La rencontre islamo-chrétienne du 6 février

La rencontre islamo-chrétienne du 6 février

Pour celles et ceux qui sont engagés depuis longtemps dans le dialogue entre chrétiens et musulmans, la célébration islamo-chrétienne de dimanche prochain dans notre paroisse est une belle initiative.La date de cette rencontre a été choisie, en lien avec la journée mondiale de la fraternité humaine (4 février) et la proximité de la fête de l’Annonciation, le 25 mars. En effet, les musulmans ont une grande vénération pour la Vierge Marie, seule femme citée dans le Coran, préservée du péché depuis sa naissance, modèle de foi en Dieu et mère de Jésus. Le Coran comporte un récit de l’Annonciation, où l’ange Gabriel apparaît à une jeune femme Vierge, Marie, pour lui dire qu’elle enfantera miraculeusement un fils qui sera un signe et une miséricorde donnée au monde de la part de Dieu.

Ce récit coranique (Sourate de Marie 19, 16-22) diffère pourtant du récit biblique et il ne s’agit pas de vouloir faire concorder les deux récits, ni même d’en atténuer les différences, d’autant que la nature de Jésus est fondamentalement différente dans le christianisme où Marie met au monde le Fils de Dieu et dans l’islam où elle met au monde un grand prophète, qui ne peut en aucun cas être considéré comme Fils de Dieu ou de nature divine.Pourtant, cela n’empêche pas les chrétiens et les musulmans de vénérer en Marie une remarquable croyante, modèle de foi et de confiance en Dieu, inspirante pour la vie spirituelle d’aujourd’hui. 

Depuis quelques années, au Liban, la fête de l’Annonciation est devenue un jour férié consacré au dialogue islamo-chrétien. L’association Efesia (efesia.org), qui a beaucoup soutenu cette initiative et s’est engagée dans plusieurs pays pour favoriser le dialo-gue entre chrétiens et musulmans et la rencontre avec les personnes démunies, nous a proposé, en lien avec le service diocésain des relations avec l’islam du diocèse de Paris, ainsi que de nombreuses associations chrétiennes et musulmanes, de vivre une belle journée de prière et de rencontre à Saint-Sulpice. C’est avec joie que nous avons accepté l’invitation.

Cet après-midi comportera plusieurs interventions spirituelles sur le thème de la confiance, intercalées de chants interprétés par une chorale d’enfants musulmans et chrétiens. Il y aura aussi quelques temps de lecture de nos textes sacrés respectifs, sans confu-sion, puis une invocation commune adressée au Dieu unique. Ensuite, dans les chapelles, des témoins de ce dialogue, engagés à différents niveaux (femmes enceintes, mariages mixtes, handicap, fraternité dans les quartiers, personnes confrontées au deuil…) permettront aux participants qui veulent approfondir un de ces thèmes de le faire.

Pour autant, il est bien compréhen-sible que pour certaines personnes qui n’ont pas l’habitude de telles rencontres, une telle proposition n’est pas si facile à comprendre, notam-ment pour deux questions principales qui m’ont déjà été posées dans un email reçu la semaine dernière :

  1. N’y a-t-il pas dans une telle célébration un risque de syncrétisme : chrétiens et musulmans peuvent-ils se retrouver ensemble pour un temps de prière commun alors que les musulmans ne partagent pas la foi en Jésus Fils de Dieu et en la Trinité ? Le radicalisme musulman qui, dans certains pays, entraîne des persécu-tions contre les chrétiens ne devrait-il pas entraîner chez nous une grande méfiance vis-à-vis des musulmans qui promeuvent le dialogue ?

Même si mes réponses ne convain-cront pas les opposants à toute rencontre interreligieuse, on peut largement s’appuyer sur les textes officiels de l’Eglise et la pratique de tous les papes depuis Paul VI jusqu’à François pour affirmer que notre foi commune en un Dieu unique peut permettre, au-delà de nos différences importantes, de nous retrouver pour invoquer ce Dieu unique, sans confu-sion, et intercéder pour le monde en prenant exemple sur la foi de Marie. Comme l’a dit le pape Jean-Paul II aux chrétiens et au musulmans du Nigeria en 1982 : “Nous tous, chrétiens et musulmans, nous vivons sous le soleil du même Dieu miséricordieux. Nous croyons les uns et les autres en un seul Dieu, Créateur de l’homme. Nous acclamons la souveraineté de Dieu et nous défendons la dignité de l’homme comme serviteur de Dieu. Nous adorons Dieu et nous professons notre totale soumission à Lui. Donc nous pouvons nous appeler au vrai sens des mots : frères et sœurs dans la foi en le seul Dieu.”

Il ne s’agit pas de relativiser nos différences, mais de croire qu’au-delà de nos différences, cette foi commune au Dieu unique permet de partager ensemble un moment de prière et de recueillement qui nous placera dans une attitude commune d’humilité et d’écoute de Dieu. Elle nous permettra de réaliser que nous sommes, les uns et les autres, des pèlerins en route vers le ciel et que les personnes que nous côtoyons sont celles que le Seigneur a voulu mettre sur notre chemin pour marcher avec elles.

Le radicalisme musulman et la persécution des chrétiens dans certains pays sont malheureusement des réalités que l’on doit dénoncer, mais ils ne doivent pas empêcher un travail de collaboration avec les nombreux musulmans qui ne sont pas marqués par cette radicalité et s’engagent quotidiennement au service de la société. L’association “Un petit bagage d’amour”, hébergée dans nos cryptes, est un bel exemple de collaboration entre chrétiens et mu-sulmans ; elle a permis, au cours des trois derniers mois, à 970 mamans démunies, de recevoir un “bagage” pour nourrir, changer et habiller leur bébé juste après la naissance.

Au contraire, c’est en favorisant les rencontres et le dialogue que nous pourrons ensemble lutter contre toute forme de fanatisme.