25 Fév Prions pour la paix en Ukraine
Jeudi les troupes russes sont entrées en Ukraine et la guerre a commencé. Si les politiciens occidentaux et les militaires essaient de trouver des solutions pour que le conflit ne s’étende pas, tout en soutenant l’Ukraine, nous nous trouvons, nous, assez démunis pour agir.
Il reste la prière… et elle est importante.
Mais comment faire en sorte que notre prière ne soit pas trop lointaine ou abstraite, qu’elle puisse apporter une vraie contribution pacifique au conflit ? Certes, c’est Dieu qui conver-tit les cœurs et notre prière n’est qu’une modeste contribution à l’accomplissement du Règne de Dieu. Néanmoins, Dieu compte sur notre prière et sur notre foi pour œuvrer à la paix dans le monde. Alors comment prier le plus « efficacement » possible ?
1.Les prières exaucées par le Christ dans l’Évangile sont d’abord des prières de compassion des prières qui portent dans leur cœur l’amour des personnes pour lesquelles on prie. Il me semble bon, par conséquent, que notre prière soit accompagnée d’une vraie attention et d’une vraie compassion pour ce que vit le peuple ukrainien, que ça ne soit pas une prière abstraite « pour la guerre en Ukraine » en général, mais qu’elle soit suffisamment ciblée pour que nous puissions nous y associer par notre intelligence et notre cœur.
A ce stade du conflit, nous pouvons, par exemple, déjà nous associer à ceux qui sont pris dans la guerre :
- Prier pour les personnes en conflit afin que la haine ne s’installe pas dans les cœurs, mais laisse place au désir de la réconciliation et de la paix.
- Prier pour les victimes directes et indirectes de la guerre : les personnes mortes ou blessées, les personnes qui se retrouvent sans ressources, les personnes qui fuient leurs maisons et leurs villes, les familles qui se trouvent divisées.
- Prier pour les ukrainiens qui vivent en France, notamment les réfugiés d’aujourd’hui et de demain.
- Prier en communion avec l’éparchie Saint Volodymyr (diocèse catholique des ukrainiens de France, Bene-lux et Suisse) dont la cathédrale est boulevard Saint-Germain et dont deux prêtres résident au presbytère.
- Prier pour la paix dans le monde et déjà autour de nous.
2.Notre prière sera d’autant plus écoutée si elle nous engage personnellement par un acte de foi. On voit bien dans l’Évangile, combien le Christ est touché par la foi de ceux et celles qui viennent à lui, notamment par la foi des porteurs du paralysé (Mc 2, 5). Si nous avons l’impression que notre prière est trop lointaine pour être exaucée, car nous ne sommes pas directement impliqués dans le conflit, nous sommes invités à être comme ces porteurs ingénieux, qui, « comme ils ne peuvent approcher Jésus à cause de la foule, découvrent le toit au-dessus de lui, font une ouverture, et descendent le brancard sur lequel était couché le paralysé. Voyant leur foi, Jésus dit au paralysé : “ Mon enfant, tes péchés sont pardonnés ”. » (Mc 2, 4-5).
Comment être ces porteurs ingénieux ? En œuvrant pour la cause pour laquelle on prie : prier pour une cause ou des personnes c’est accepter de nous engager nous-mêmes à vivre une conversion qui nous aidera à participer humblement à la cause pour laquelle on prie. Le moyen le plus efficace de prier pour la paix en Ukraine, c’est de chercher à être nous-mêmes encore davantage artisans de paix autour de nous. Comme le rappelle le concile Vatican II, nous ne pouvons pas prier efficace-ment pour la paix si nous n’avons pas une « ferme volonté de respecter les autres hommes et les autres peuples ainsi que leur dignité » et une « pratique assidue de la fraternité » (L’Église dans le monde de ce temps, n°78).
Prier pour la paix va donc de pair avec une œuvre de conversion personnelle pour que, déjà de notre côté, nous puissions, aujourd’hui un peu plus qu’hier, devenir autour de nous des artisans de paix. La guerre, si proche de l’Europe, est à la fois un drame et une invitation pressante à faire tout ce qui est possible pour être ces artisans de paix, capables de relativiser nos conflits et d’entrer dans un désir profond de réconciliation. Je pense que si nous faisons un pas pour construire cette fraternité autour de nous de la manière la plus concrète possible, nous serons comme ces porteurs du paralysé de l’évangile, qui trouvent un système ingénieux pour que leur prière puisse être entendue par le Christ.
3.Enfin, cette prière pourra et devra aussi très rapidement être accompagnée d’une solidarité concrète avec les victimes directes et indirectes de la guerre, via les associations humanitaires déjà existantes ou les actions qui s’organiseront dans les prochaines semaines.
Henri de La Hougue