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La rencontre du 12 mars : « Pourquoi l’Autre nous semble-t-il si différent ? »

La rencontre du 12 mars : « Pourquoi l’Autre nous semble-t-il si différent ? »

Juste prolongement de la question du bonheur, et de celle du sens de l’existence, celle de l’altérité n’est pas moins essentielle et pas moins difficile. Comment en effet rencontrer des personnes très différentes, par leur culture, leur religion, leurs idées, leur milieu social, sans éprouver l’inquiétude de ne pouvoir réaliser un tel déplacement sans perdre son identité, ou en restant au contraire à la surface ?

C’est qu’en effet, rencontrer l’autre est déstabilisant. Les différences sont souvent telles que la simple entrée en contact fait surgir la tentation du rejet. A quoi bon d’ailleurs vouloir pénétrer dans des mondes qui nous semblent lointains ou étrangers alors qu’il n’est de bonheur qu’en lien avec ceux qui nous sont proches ? Pourtant, qui n’a fait l’expérience de grandir, d’être enrichi et parfois même transformé, par la découverte d’une altérité survenue de manière inattendue dans le cours tranquille de l’existence ?

Plusieurs histoires racontées par les participants de cette 3e Rencontre l’ont montré. Ainsi du contact d’abord simplement généreux avec un sdf du quartier, révélant progressivement une richesse humaine insoupçonnée, devenant au fil du temps la découverte d’une personne d’une sagesse étonnante, avec laquelle ont fini par se nouer des rapports amicaux et même familiaux. Une vie bouleversée, pas tant celle du sdf, que celle de son visiteur… Le grand enseignement de cette histoire, et de bien d’autres, est que la rencontre de l’autre engage certes un risque, mais que vivre ce risque est une condition fondamentale pour se construire soi-même et progresser dans la voie du bonheur. « Nous vivons dans une société du risque zéro » a regretté l’intervenante de la séance, l’anthropologue Ysé Tardon-Masquelier.

Pas de relation avec autrui sans engager une dimension de réelle confiance. Du reste, donner sa confiance est indispensable pour susciter en retour la confiance de l’autre. Cela ne va pas sans une part de saut dans l’inconnu. Dans toute confiance, il y a du risque. Certes, il faut assurer ses propres repères, mais il faut aussi engager un vrai travail de reconnaissance vers ce qui ne nous est pas familier. Aujourd’hui, cherchons-nous suffisamment à connaître les autres religions, les autres cultures, à pénétrer des mentalités différentes ? Nos principaux obstacles sont la méconnaissance et la peur. Les dépasser suppose un véritable effort. Tous ne peuvent sans doute pas le faire. A cet égard, les privilégiés de la connaissance ont un devoir de parler aux autres. « La vulgarisation a une valeur éminente », dit encore notre anthropologue.

Partager le savoir et l’expérience de l’altérité, comme vivre volontairement celle-ci, résonne d’ailleurs avec une autre expérience que chacun peut faire : celle d’être d’abord un autre pour soi-même. C’est peut-être en comprenant à quel point nous sommes, dans une large mesure, inconnus à nous-mêmes, disposant de ressources que nous ignorons, que nous pouvons entrevoir à quel point la rencontre d’autrui est l’aventure centrale de l’existence humaine.