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Le Mystère de la Croix

Le Mystère de la Croix

Nous voici entrés dans la semaine de la passion. Le long récit de la passion sera lu deux fois : le jour des Rameaux dans l’évangile de Luc et le Vendredi Saint dans l’évangile de Jean. La perspective de la croix constitue le point d’orgue de la semaine jusqu’à l’annonce de la résurrection à l’aube du dimanche de Pâques.


La liturgie veut nous aider à comprendre le drame vécu par le Christ et les apôtres lors de cette dernière semaine de la vie terrestre de Jésus :
– lorsque Jésus est acclamé à l’entrée de Jérusalem, il sait qu’il va être arrêté et mis à mort ;
– lorsqu’il célèbre la Pâque avec ses disciples, la perspective de sa condamnation toute proche donne sens à ses paroles : « ceci est mon Corps livré pour vous » ;
– lors de son procès, le Christ, déjà maltraité par les soldats, ne se fait aucune illusion sur son sort et cela lui donne une grande liberté de parole et de comportement. Il est notamment libre de pouvoir pardonner aux disciples qui l’abandonnent, aux autorités religieuses qui le mettent à mort et au meurtrier condamné avec lui ;
– jusqu’à la résurrection, la mort du Christ sur la croix apparaît comme un échec de sa mission et un abandon de la part de Dieu. C’est la grande déception dont témoignent les disciples d’Emmaüs avant de reconnaître le Christ ressuscité à la Fraction du Pain.


Mais puisque le Christ est ressuscité, on peut se demander s’il est aujourd’hui si nécessaire de donner une telle importance à la croix du Christ. Pourquoi est-ce la croix, qui est devenue le symbole principal du christianisme, plutôt que la résurrection, alors que c’est la résurrection qui donne un sens à la croix ?
Cette importance donnée à la croix ne risque-t-elle pas de présenter le Christianisme comme une religion trop sacrificielle avec l’image d’un Dieu, qui tout en parlant d’amour, aurait besoin de sacrifier un fils innocent pour compenser le péché de l’humanité ? Ne risque-t-elle pas de promouvoir une spiritualité centrée sur la souffrance plus que sur le bonheur ? Ne risque-t-elle pas d’engager les chrétiens dans une culpabilité excessive, centrée sur le péché, plus que sur la rédemption ?


Je crois que tous ces risques sont bien réels et ont même entrainé dans la théologie, comme dans l’éducation chrétienne, des dérives qui expliquent sans doute en partie le détachement de beaucoup de nos contemporains vis-à-vis de la foi chrétienne dans laquelle ils ont grandi. Néanmoins, il ne faudrait pas passer à côté de ce qui nous est donné à contempler dans le mystère de la croix, sous prétexte de risques et de dérives.
– La croix est l’aboutissement de la vie de Jésus, entièrement donnée pour nous. Elle en est devenue le symbole. Jésus n’a pas recherché la mort, mais il l’a acceptée parce qu’elle est l’aboutissement de son existence entièrement vécue pour réhabiliter les pécheurs et donner une proposition de salut pour tous les hommes. Si le Christ avait fui la mort, quelle légitimité aurait eu son message ?
– La croix est aussi le signe de la présence de Dieu auprès de tous ceux qui traversent des épreuves difficilement surmontables. Savoir que Dieu n’est pas absent dans les épreuves, mais qu’il est au contraire aux côtés de la personne qui souffre et qu’il lui ouvre la perspective de la résurrection et de la vie en plénitude, permet de tenir bon, de garder l’espérance et la persévérance.
– La croix nous rappelle sans cesse, sans pour autant vouloir nous culpabiliser, que nous avons besoin d’être sauvés. Nous ne pouvons pas nous libérer par nous-mêmes, collectivement ou individuellement, du poids de ce péché qui nous empêche d’aimer, de pardonner, de faire le bien comme nous le souhaiterions. Elle nous invite à nous plonger avec confiance dans la miséricorde de Dieu, symbolisée par le don de sa vie offerte pour notre salut, sur la croix.


Henri de La Hougue