22 Avr Mon Seigneur et mon Dieu !
Dans L’essence du christianisme, Ludwig Feuerbach (1804-1872), grand philosophe humaniste, s’oppose à la religion en y voyant une simple projection des désirs de l’humanité. « Dieu est l’intériorité révélée, le moi interpellé de l’homme ; la religion est le dévoilement solennel des trésors cachés de l’homme, la reconnaissance de ses pensées intimes, la confession publique de ses mystères d’amour.[1] »
Selon lui, c’est parce que l’homme ne trouve pas son accomplissement en lui-même, qu’il projette son désir infini en Dieu : « Ce que l’homme n’est pas réellement, mais qu’il désire être, de cela il fait son Dieu[2] »
Cette projection religieuse, pour Feuerbach, conduit au dessaisissement et à l’aliénation, à la négation de l’homme et donc s’oppose à l’humanisme.
La critique est puissante et presque imparable dans un monde matérialiste où l’homme n’aurait pour seule référence que le monde immédiatement visible et directement accessible.
Thomas, dont l’évangile de ce dimanche raconte la difficulté à croire que le Christ est vraiment ressuscité, aurait sans doute pu être tenté par cette vision réductrice de l’humanité, avant qu’il ne fasse l’expérience de la rencontre avec le Christ ressuscité.
Mais justement la foi chrétienne n’est pas une religion naturelle qui part de l’homme pour penser Dieu, elle est le fruit d’une révélation, d’un événement majeur venu bousculer la vie religieuse de quelques juifs, puis progressivement de centaines, de milliers, de millions et aujourd’hui de deux milliards et demi d’hommes et de femmes à travers le monde : la rencontre avec Jésus, vivant et présent dans notre humanité.
Les philosophes humanistes athées, comme Feuerbach, Marx ou Freud ont sans doute fondé leur analyse sur la rencontre de chrétiens enfermés dans des projections psychologiques ou sociales à une époque où le christianisme était normatif, mais ont-ils réellement été à l’écoute de celles et ceux qui portaient le dynamisme d’une foi qui les poussait à sortir de leur confort, intérieur et extérieur, pour témoigner du Christ ressuscité ? Ont-ils été à l’écoute de ces milliers de témoins qui, depuis des siècles, ont été prêts à donner leur vie pour suivre le Christ dans le service des plus pauvres et la croissance spirituelle des hommes et des femmes de leur temps ?
En tout cas notre société française d’aujourd’hui, encore majoritairement chrétienne sur le plan culturel, mais ultraminoritaire dans sa pratique religieuse, permet de mieux saisir à travers la persévérance des chrétiens engagés et l’engagement de nouveaux catéchumènes, cette réalité fondamentale : avoir la foi chrétienne c’est, comme Thomas, faire l’expérience d’une réalité inimaginable mais qui nous rejoint doublement : premièrement, le Christ est vivant ; deuxièmement, je crois qu’il est « mon Seigneur et mon Dieu ».
Il ne faut sans doute pas s’étonner que dans notre société peu porteuse sur le plan de l’intériorité, la foi chrétienne ne puisse plus être transmise facilement de génération en génération, et que beaucoup de nos contemporains, pour résoudre leur mal-être, cherchent des solutions à portée d’humanité, comme la méditation de pleine conscience. Mais lorsqu’il leur est donné de découvrir que la source du bonheur peut leur venir de l’extérieur d’eux-mêmes, lorsqu’il leur est donné de faire la rencontre du Christ vivant, alors un cap décisif est franchi dans la quête du bonheur car c’est bien dans l’altérité et l’ouverture à la transcendance que cette quête trouvera sa réponse.
Henri de La Hougue
[1] L. Feuerbach, Das Wesen des Christentums (Ed. W. Schuffenhauer), t. I, Berlin, 1956, 36; cité par Kasper, Le Dieu des Chrétiens, Op. Cit. p. 51.
[2] L. Feuerbach, Vorlesungen über das Wesen der religion (WW VIII, éd. W Bolin), 293; cité par Kasper, Le Dieu des Chrétiens, Op. Cit. p. 51.
Selon lui, c’est parce que l’homme ne trouve pas son accomplissement en lui-même, qu’il projette son désir infini en Dieu : « Ce que l’homme n’est pas réellement, mais qu’il désire être, de cela il fait son Dieu[2] »
Cette projection religieuse, pour Feuerbach, conduit au dessaisissement et à l’aliénation, à la négation de l’homme et donc s’oppose à l’humanisme.
La critique est puissante et presque imparable dans un monde matérialiste où l’homme n’aurait pour seule référence que le monde immédiatement visible et directement accessible.
Thomas, dont l’évangile de ce dimanche raconte la difficulté à croire que le Christ est vraiment ressuscité, aurait sans doute pu être tenté par cette vision réductrice de l’humanité, avant qu’il ne fasse l’expérience de la rencontre avec le Christ ressuscité.
Mais justement la foi chrétienne n’est pas une religion naturelle qui part de l’homme pour penser Dieu, elle est le fruit d’une révélation, d’un événement majeur venu bousculer la vie religieuse de quelques juifs, puis progressivement de centaines, de milliers, de millions et aujourd’hui de deux milliards et demi d’hommes et de femmes à travers le monde : la rencontre avec Jésus, vivant et présent dans notre humanité.
Les philosophes humanistes athées, comme Feuerbach, Marx ou Freud ont sans doute fondé leur analyse sur la rencontre de chrétiens enfermés dans des projections psychologiques ou sociales à une époque où le christianisme était normatif, mais ont-ils réellement été à l’écoute de celles et ceux qui portaient le dynamisme d’une foi qui les poussait à sortir de leur confort, intérieur et extérieur, pour témoigner du Christ ressuscité ? Ont-ils été à l’écoute de ces milliers de témoins qui, depuis des siècles, ont été prêts à donner leur vie pour suivre le Christ dans le service des plus pauvres et la croissance spirituelle des hommes et des femmes de leur temps ?
En tout cas notre société française d’aujourd’hui, encore majoritairement chrétienne sur le plan culturel, mais ultraminoritaire dans sa pratique religieuse, permet de mieux saisir à travers la persévérance des chrétiens engagés et l’engagement de nouveaux catéchumènes, cette réalité fondamentale : avoir la foi chrétienne c’est, comme Thomas, faire l’expérience d’une réalité inimaginable mais qui nous rejoint doublement : premièrement, le Christ est vivant ; deuxièmement, je crois qu’il est « mon Seigneur et mon Dieu ».
Il ne faut sans doute pas s’étonner que dans notre société peu porteuse sur le plan de l’intériorité, la foi chrétienne ne puisse plus être transmise facilement de génération en génération, et que beaucoup de nos contemporains, pour résoudre leur mal-être, cherchent des solutions à portée d’humanité, comme la méditation de pleine conscience. Mais lorsqu’il leur est donné de découvrir que la source du bonheur peut leur venir de l’extérieur d’eux-mêmes, lorsqu’il leur est donné de faire la rencontre du Christ vivant, alors un cap décisif est franchi dans la quête du bonheur car c’est bien dans l’altérité et l’ouverture à la transcendance que cette quête trouvera sa réponse.
Henri de La Hougue
[1] L. Feuerbach, Das Wesen des Christentums (Ed. W. Schuffenhauer), t. I, Berlin, 1956, 36; cité par Kasper, Le Dieu des Chrétiens, Op. Cit. p. 51.
[2] L. Feuerbach, Vorlesungen über das Wesen der religion (WW VIII, éd. W Bolin), 293; cité par Kasper, Le Dieu des Chrétiens, Op. Cit. p. 51.