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Canonisation de Charles de Foucauld

Canonisation de Charles de Foucauld

Ce dimanche, le pape François canonisera sept saints, dont deux français : César de Bus (1544-1607), fondateur de la société des prêtres de la doctrine chrétienne, consacrés à l’évangélisation des campagnes et Charles de Foucauld (1858-1916).
Le parcours si étonnant de ce dernier en fait une figure à la fois atypique et très actuelle, un modèle inimitable et attirant, que ce soit pour les congrégations qui se réclament de lui (les Petits Frères et Petites Sœurs de Jésus ; les Petits Frères et Petites Sœurs de l’Évangile) ou les milliers de laïcs, prêtres et religieux qui essaient de vivre chaque jour de son inspiration.
Né en 1858, orphelin à 5 ans, Charles de Foucauld entre à Saumur pour devenir officier de cavalerie. Il hérite de la fortune familiale et mène alors une vie mondaine peu compatible avec l’idéal de l’armée, au point d’être suspendu de ses fonctions.
Cependant, voyant les besoins de l’armée en Algérie, il demande à réintégrer l’armée où il s’investit courageusement et passionnément dans sa mission d’officier. Fasciné par les grands espaces, étonné par la religiosité des musulmans, il démissionne de l’armée, se lance dans l’apprentissage de l’arabe et de l’hébreu et part en 1883 explorer le Maroc en se faisant passer pour un immigré juif, chassé de Russie. Il expérimente alors la dépendance, le danger, la fragilité de la vie, et la richesse de la pauvreté.
En 1886 il s’installe à Paris où il vit très simplement, en écrivant sa “Reconnaissance du Maroc”. Bouleversé par ce qu’il a découvert de la foi musulmane, il se tourne vers Dieu et se rend à l’église Saint-Augustin à Paris où il rencontre le père Huvelin auprès de qui il se confesse et vit une conversion radicale. En février 1888 son livre connaît un grand succès, mais il n’est désormais intéressé que par son désir de consécration à Dieu.


« Je me mis à aller à l’église, sans croire, ne me trouvant bien que là et y passant de longues heures à répéter cette étrange prière : « Mon Dieu, si vous existez, faites que je Vous connaisse ! » L’idée me vint qu’il fallait me renseigner sur cette religion, où peut-être se trouvait cette vérité dont je désespérais ; et je me dis que le mieux était de prendre des leçons de religion catholique, comme j’avais pris des leçons d’arabe…
On me parla d’un prêtre très distingué, ancien élève de l’école normale ; je le trouvai à son confessionnal et lui dis que je ne venais pas me confesser, car je n’avais pas la foi, mais que je désirais avoir quelques renseignements sur la religion catholique … Le bon Dieu qui avait commencé si puissamment l’œuvre de ma conversion, par cette grâce intérieure si forte qui me poussait presque irrésistiblement à l’église, l’acheva : le prêtre, inconnu pour moi, à qui Il m’avait adressé, qui joignait à une grande instruction une vertu et une bonté plus grandes encore, devint mon confesseur et n’a pas cessé d’être, depuis les 15 ans qui se sont écoulés depuis ce temps, mon meilleur ami … Aussitôt que je crus qu’il y avait un Dieu, je compris que je ne pouvais faire autrement que de ne vivre que pour Lui : ma vocation religieuse date de la même heure que ma foi : Dieu est si grand ! Il y a une telle différence entre Dieu et tout ce qui n’est pas Lui ! (lettre à Henri de Castries, Notre-Dame-des-Neiges, le 14 août 1901).


Quatre ans plus tard, il rentre à la Trappe, à Notre Dame des Neiges (Ardèche), puis à Nazareth, mais n’y trouve pas sa vocation. Il devient prêtre en juin 1901 et part à Alger, puis dans une oasis (Béni Abbès) où il se met au service des gens, en lien avec les militaires qui y sont présents. Il y héberge les voyageurs, rachète des esclaves.
Je viens d’être ordonné prêtre et je fais des démarches pour aller continuer dans le Sahara, « la vie cachée de Jésus à Nazareth », non pour prêcher, mais pour vivre dans la solitude, la pauvreté, l’humble travail de Jésus, tout en tâchant de faire du bien aux âmes, non par la parole, mais par la prière, l’offrande du Saint Sacrifice, la pénitence, la pratique de la charité… […] (idem).
En 1905 Il s’installe à Tamanrasset, où petit à petit, il se fait adopter par la population locale (Touareg) et où il est reconnu et accepté. En 1908, il tombe malade et les Touaregs le soignent. Il comprend alors qu’il n’est pas loin de son but. Ne pas convertir par la force, mais d’abord devenir le frère des Touaregs et que ceux-ci découvrent Jésus en le regardant vivre. Il passe les dix dernières années de sa vie à rédiger son dictionnaire Français-Touareg, à raison d’une dizaine d’heures par jour. Un moyen de chercher à toujours mieux comprendre ceux auprès desquels il est envoyé.


Être apôtre par quels moyens ? Par les meilleurs, étant donnés ceux aux-
quels ils s’adressent : avec tous ceux avec qui ils sont en rapport sans exception, par la bonté, la tendresse, l’affection fraternelle, l’exemple de la vertu, par l’humilité et la douceur toujours attrayantes et si chrétiennes ; avec certains sans leur dire jamais un mot de Dieu ni de la religion, patientant comme Dieu patiente, étant bon comme Dieu est bon, aimant, étant un tendre frère et priant ; avec d’autres en parlant de Dieu dans la mesure qu’ils peuvent le porter ; dès qu’ils en sont à la pensée de rechercher la vérité par l’étude de la religion, en les mettant en rapport avec un prêtre très bien choisi et capable de leur faire du bien … Surtout voir en tout humain un frère. (lettre à Joseph Hours, Assekrem, le 3 mai 1912).


Alors que la guerre de 1914 a commencé depuis deux ans, il meurt assassiné en 1916 par une attaque de Senoussis à Tamanrasset.
Charles était tellement exigeant avec lui-même qu’il n’a pu trouver de disciples de son vivant, mais après sa mort son idéal de vie chrétienne a profondément marqué l’Église d’Afrique du Nord, mais aussi de nombreux missionnaires qui vivent dans des quartiers difficiles où le témoignage de la fraternité universelle est la première étape nécessaire avant toute évangélisation explicite.
Personnellement, ce qui me marque dans la personnalité de Charles de Foucauld, ce sont :
– sa soif de radicalité et son désir de comprendre le plan de Dieu ;
– sa quête toujours inassouvie de Dieu dans des parcours improbables ;
– sa capacité à vivre sa foi au milieu de personnes d’autres religions et son souci de les connaître de l’intérieur ;
– son désir de simplicité évangélique : être comme Jésus à Nazareth qui vit au cœur des hommes et reçoit avant de donner ;
– son grand amour de l’eucharistie et de l’adoration ;
– son amour quotidien auprès de tous, son désir de devenir le frère universel, au nom de Jésus-Christ.

Henri de La Hougue