Redécouvrir l’hospitalité durant l’été

(Homélie du 17 juillet 2022)

L’été est propice aux rencontres: 

• rencontres familiales et amicales, 
• rencontres inopinées entre personnes voyageant ensemble ou se croisant durant les vacances, 
• rencontres spirituelles lors des visites d’églises ou de monastères. 

Ces rencontres seront-elles des rencontres d’un moment, vite oubliées ou auront-elles une influence plus profonde dans notre vie? 

C’est la question que les 3 lectures d’aujourd’hui nous proposent justement d’approfondir à travers cette thématique de l’hospitalité développée dans trois contextes différents:

Abraham et Sarah

1- Le premier texte, de la Genèse, nous plonge dans l’univers d’une famille prise entre la résignation et l’espérance. 

Abraham et sa femme Sara n’ont pas d’enfants et pourtant ils sont porteurs d’une promesse car Dieu a promis à Abraham une descendance avec Sara. Humainement il n’y a pas de solutions possibles car Sara est maintenant âgée et physiologiquement, il est quasiment impossible qu’elle ait un enfant.

Sara ne croit d’ailleurs pas à la réalisation de cette promesse et a même proposé à Abraham d’avoir un enfant avec sa servante Agar pour avoir une descendance. 

Néanmoins Abraham ne s’est pas résigné à cette situation, il a entendu plusieurs fois Dieu lui faire cette promesse et cela a ouvert chez Abraham l’espérance d’une fécondité, qui le rend attentif aux signes de Dieu.

Ce signe de Dieu se manifeste à travers la visite de trois hommes qu’Abraham va accueillir selon les plus belles règles de l’hospitalité en vigueur dans sa culture:

• Il leur permet de se reposer,
•  il leur donne de quoi boire, manger et se laver 
• et surtout il se tient à leur côté pour accueillir leur parole. 

Abraham attend la réalisation de la promesse de Dieu et il accueille ces visiteurs comme de potentiels envoyés de Dieu… ce qu’ils sont de fait.

C’est à travers ces hommes que Dieu lui-même se manifeste et annonce à Abraham que sa femme aura un fils, venant confirmer la révélation antérieure qu’il avait reçue.

De cette première lecture, je retiens trois invitations pour notre été:

• D’abord ne jamais nous résigner ou nous enfermer dans des difficultés, sans avoir vraiment pris le temps de vraiment confier cela à Dieu
• Ensuite, l’espérance d’une promesse de fécondité de notre vie, donnée le jour de notre baptême, nous invite aussi à relire nos rencontres comme des “bonnes nouvelles”. Il ne s’agit pas d’être naïfs mais d’envisager les visites que nous allons faire ou recevoir, les personnes que nous allons rencontrer comme susceptibles de marquer positivement notre vie, de transformer un peu nos manières de voir et parfois de repartir dans l’espérance là où nous portions quelques souffrances plus ou moins fortes.
• Enfin, une invitation à relire les différents moments de ces vacances à la lumière de la foi. Comment Dieu vient-il nous visiter, nous rencontrer, nous parler… à travers ces rencontres?

Paul et la communauté chrétienne de Colosse

2- La Deuxième lecture est une lettre que Paul a envoyée aux Colossiens, alors que Paul est en captivité et que la jeune communauté chrétienne de Colosse connaît des difficultés car un des chefs y a introduit des enseignements qui détournaient la communauté de l’enseignement du Christ. 

Paul est prisonnier et sans moyens humains pour agir en faveur de la communauté. Il décide alors d’offrir spirituellement à Dieu cette souffrance physique et morale, pour cette Église de Colosse. 

C’est une autre sorte d’hospitalité, plus spirituelle, proposée à ceux qui n’ont pas la possibilité d’agir (distance, maladie, manque de moyens), mais qui peuvent offrir leur propre vie et leur propre prière à Dieu pour les autres. 

Pour Paul, il s’agit de s’associer, à sa manière, à ce que le Christ a vécu, en donnant sa vie jusqu’à la croix pour les hommes, y compris pour ceux qui le rejetaient ou pour ceux qui l’ont trahi

• Paul ne pense pas que cette souffrance a une valeur en soi, ou que Dieu la réclame 
• mais simplement il la vit par esprit de communion et de solidarité. 

Alors qu’il vit la souffrance de la captivité et d’un sentiment d’abandon, au lieu de se renfermer sur lui-même, il se sent solidaire avec sa communauté qui souffre d’une autre manière. Il peut d’autant plus prier pour eux qu’il expérimente lui-même une certaine souffrance. Sa prière est un lieu d’hospitalité avec les personnes qui souffrent.

Ce matin, je reçois ce texte comme une invitation à la communion spirituelle et à l’hospitalité spirituelle: recevoir dans notre prière ceux et celles que nous ne pouvons pas recevoir matériellement parce que nous n’en avons ni les moyens ni la force, notamment toutes les personnes isolées pendant ces temps de vacances.

Et lorsque nous connaissons l’expérience de la souffrance, nous pouvons demander au Seigneur la grâce d’en faire un moyen de communion spirituelle et d’ouverture aux autres.

Jésus, Marthe et Marie

3- L’évangile, enfin, nous propose cette visite de Jésus chez ses amis de Béthanie: Lazare, Marthe et Marie avec cette discussion bien connue entre Jésus Marthe et Marie. 

Les deux femmes ont deux manières d’accueillir Jésus: 

• la première est davantage occupée au service et à l’hospitalité matérielle, 
• tandis que la deuxième est occupée par l’accueil des paroles de Jésus. 

La réponse de Jésus à Marthe qui se plaint d’être délaissée par sa soeur dans le service de la table n’est pas tant un reproche – car il faut bien que quelqu’un fasse le service – qu’une invitation à aller plus en profondeur dans la rencontre de Dieu à travers l’écoute du Christ, comme s’il y avait là quelque chose de fondamental qui donne sens à tout le reste…

C’est une invitation pour nous, au coeur de nos vacances d’été, à ne pas nous laisser prendre par la course aux activités, la course aux voyages, la course aux rencontres, mais à prendre le temps de la contemplation:

• contemplation de ce que Dieu veut nous faire découvrir chez les autres, y compris nos proches ou les membres de nos familles élargies: que ces personnes se sentent profondément accueillies et rejointes lorsqu’elles nous racontent ce qu’elles vivent.
• Contemplation de ce que Dieu veut nous faire découvrir grâce à la prière et à l’écoute de la Parole de Dieu. Quelle place allons-nous concrètement laisser à Dieu pendant ces vacances? quels créneaux de temps lui avons-nous réservé?

Demandons au Seigneur la grâce de profiter de cet été pour approfondir notre sens de l’hospitalité humaine et spirituelle, car comme ces textes nous le montrent, les deux sont intimement liés.