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Le célibat des prêtres

Le célibat des prêtres

Mardi 13 septembre, une émission intitulée “Le célibat des prêtres, le calvaire de l’église” a été diffusée sur Arte. Cette émission mettait en avant quelques figures de prêtres catholi­ques qui ont quitté le ministère pour vivre avec une femme ou bien avec un homme, présentant leur choix comme une émancipation libératrice et bienfaisante face au carcan imposé par l’Église et dont la prise en compte devrait enfin ouvrir les yeux des responsables catholiques et les obliger à mettre fin à cette institution d’un autre âge, qui n’aurait plus aucun sens pour aujourd’hui.

Très à charge, l’émission, qui n’a jamais donné la parole à des prê­tres heureux dans leur célibat, a dis­tillé au contraire, par de nombreu­ses incises, un climat de suspicion vis-à-vis de l’Église catholique qui “oblige à l’hypocrisie”, “institue un péché de mensonge”, fait peser sur les prêtres “un poids de culpabilité”, plonge de “nombreux prêtres dans un enfer humain”, etc…

Plusieurs d’entre vous m’ont fait part de leur trouble après avoir re­gardé cette émission et je souhaite tout simplement vous partager trois convictions au sujet du célibat des prêtres tel qu’il est vécu ici en France.

  1. Les séminaristes qui s’engagent à devenir prêtres sont des personnes d’âge mûr (plus de 30 ans en moy­enne). Ils sont capables de poser un choix libre et définitif qui engage à la fois leur affectivité, leur volonté et leur désir de se consacrer à Dieu. La question du célibat est large­ment abordée durant la formation et chaque séminariste est accom­pagné dans ce choix, humaine­ment, spirituellement et pastorale­ment, avec un accompagnateur spirituel et plusieurs sessions sur l’affectivité et la sexualité. Comme tout engagement, il comporte une part d’incertitude, il peut connaître des échecs et parfois des combats difficiles, mais c’est d’abord un choix libre et positif, vécu dans la confiance.
  2. Le célibat des prêtres, qui est la règle dans l’Église catholique latine, est d’abord, pour ceux qui s’y enga­gent, la réponse joyeuse à un appel à consacrer sa vie à Dieu d’une ma­nière radicale. De même qu’une personne qui se marie ne fait pas d’abord le choix négatif de renon­cer à d’autres personnes, mais choi­sit librement une personne pour s’engager avec elle tout au long de sa vie, ceux qui deviennent prêtres le font d’abord parce qu’ils ont un grand désir de consacrer tout leur vie à Dieu. Ils le font par amour du Christ et non par obligation.

3. Le célibat des prêtres, vécu dans la fidélité de toute une vie, est possible et fécondIl se nourrit d’abord d’une vie spirituelle fidèle et régulière, d’un dialogue permanent avec le Christ sur le ministère vécu. C’est ainsi avec joie que je redis chaque matin au Seigneur dans ma prière : “Seigneur je me donne à toi et je te reçois pour t’aimer chaque jour de ma vie”, que je lui parle durant ma journée et que je relis le soir avec lui les rencontres qui m’ont enrichi.

Cet engagement se nourrit aussi largement des relations très enri­chissantes que les prêtres entre­tiennent avec les laïcs dans leur mi­nistère : vivre au cœur d’une com­munauté paroissiale, être témoin d’un cheminement de maturité des fiancés au fil des rencontres, prépa­rer des catéchumènes au baptême, vivre des temps fort avec les scouts; être invité par des parois­siens à dîner pour la première fois et avoir l’impression de faire déjà un peu partie de la famille; voir grandir des jeunes sur plusieurs an­nées… c’est tout cela qui me rend heureux le soir quand je me couche et le matin quand je me lève.

Cet engagement se nourrit enfin d’une forme de vie commune entre prêtres, très différente selon les lieux et les diocèses dans lesquels nous vivons, mais qui peut être ré­elle et bienfaisante : au presbytère de Saint-Sulpice, c’est une vie com­munautaire à 18 prêtres avec ses exigences et ses joies.

Ainsi, le célibat n’est pas une néces­sité théologique pour l’ordination presbytérale et l’Église latine pour­rait un jour décider d’ordonner des hommes mariés comme cela se fait dans l’église catholique d’Orient. Mais en attendant, plutôt que de mettre exclusivement l’accent sur les difficultés réelles rencontrées par certains prêtres, il est important d’accueillir le célibat des prêtres qui nous sont donnés comme une sour­ce de richesse pour eux-mêmes et pour la communauté.

Henri de La Hougue