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« Déracine-toi et va te planter dans la mer »

« Déracine-toi et va te planter dans la mer »

Homélie du 2 octobre 2022, le 27e dimanche temps ordinaire de l’année C

Les paroles de Jésus sont parfois difficiles à entendre: après les paraboles sur la miséricorde, sur Lazare et le riche, Jésus instruit ses disciples de manière assez «cash»: Malheur à vous si un scandale arrive à cause de vous! Pardonne 7 fois de suite à ton frère qui commet un péché contre toi! 

Les apôtres se trouvent bien démunis face à de telles exigences évangéliques: « qui pourra y arriver? » se demandent-ils? « Augmente en nous la foi! »  

Une foi à déraciner les arbres et à déplacer les montagnes

C’est là que Jésus est encore plus déconcertant :

  • La foi, si vous en aviez gros comme une graine de moutarde (c’est la plus petite des semences d’après l’Évangile de Marc (4,31)) (sous-entendu si vous aviez un tout petit peu de foi), vous pourriez commander à l’arbre de se déplanter et d’aller se planter dans la mer.
  • Dans l’évangile de Marc c’est carrément une montagne : « si quelqu’un dit à cette montagne « ôte-toi de là et jette-toi dans la mer! », s’il ne doute pas en son cœur, mais croit que ce qu’il dit arrivera, cela lui sera accordé ! » 

Comment avoir cette foi à déplacer les arbres ou les montagnes ? En quoi consiste « avoir la foi »? En quoi, plus modestement, peut-on faire grandir en nous la foi ?

Quand j’étais petit, je pensais, en écoutant ce texte, que c’était une histoire de concentration et de force mentale : il faut croire à fond pour que cela arrive, et on va pouvoir faire des choses prodigieuses.

En approfondissant ma foi, j’ai découvert que c’était tout le contraire: c’est une histoire d’abandon et de confiance.

Faire des choses extraordinaires aux yeux de Dieu

Alors pourquoi Jésus utilise-t-il ces images un peu provocatrices, comme il le fait ailleurs, par exemple dans la parabole de la paille et de la poutre? 

  • Le but n’est pas de vouloir l’appliquer à la lettre, -et cela n’aurait aucun intérêt, en soi, de planter un arbre dans la mer-, 
  • mais de comprendre que la foi peut réaliser des choses extraordinaires, des choses que l’homme ne peut pas parvenir à faire par ses propres forces.

Ces choses extraordinaires, que la foi peut réaliser, n’ont rien à voir avec des prodiges humains. Il s’agit de l’extraordinaire aux yeux de Dieu, c’est-à-dire, tout simplement, quand des personnes accueillent le salut que Dieu veut leur donner, et donc accèdent à la vie même de Dieu.

Apporter le salut à une personne, lui permettre d’être libérée de ses péchés, et de participer à la vie de Dieu… tout cela est bien plus important et bien plus extraordinaire que n’importe quel prodige humain. 

Mais, comme nous ne savons pas toujours réaliser que c’est vraiment quelque chose d’extraordinaire, alors Jésus nous le fait comprendre par des images de choses qui sont prodigieuses aux yeux des hommes.

C’est dans cette même logique que, un jour, devant des personnes et qui lui amènent un paralysé sur une civière, Jésus demande à la foule : « qu’est-ce qui est le plus facile: de dire « tes péchés sont pardonnés » ou bien de dire: « lève-toi prends ton brancard et marche »? Et bien, pour que vous sachiez que le Fils de l’homme a le pouvoir de pardonner les péchés, je te le dis, dit-il au paralysé: « lève-toi prends ton brancard et marche ». 

Ici le prodige pour les hommes c’est de voir un paralysé marcher, mais ce qu’il y a de beaucoup plus important et extraordinaire, aux yeux de Dieu, c’est que cet homme puisse recevoir le pardon de Dieu et accéder au salut.

Ainsi la foi n’est pas un pouvoir personnel de faire des prodiges, c’est un pouvoir donné par Dieu, d’accéder à la vie même de Dieu et d’en témoigner, pour que d’autres puissent y avoir accès. 

Alors, comment faire grandir en nous la foi ?

Je crois que nous pouvons, comme les apôtres, le demander au Christ car la foi est d’abord un don de Dieu.

Nous pouvons notamment demander la grâce de réaliser les choses extraordinaires que Dieu attend de nous, c’est-à-dire:

  • De réaliser dans notre propre vie que Dieu y est présent à chaque instant 
  • de savoir mettre en œuvre le salut autour de nous : savoir être bon, dire de bonnes choses sur les autres, savoir aimer, savoir pardonner, apprendre à partager, y compris ceux qui nous sont moins proches…. « Si vous ne saluez que vos frères, dit Jésus, que faites-vous d’extraordinaire » 
  • Et donc de permettre, par notre témoignage et notre ouverture, à d’autres personnes de pouvoir accueillir ce don extraordinaire de Dieu.

N’hésitons pas, comme Paul le recommande à Timothée dans la deuxième lecture, de « raviver le don gratuit de Dieu» que nous avons reçu par le baptême et à en témoigner par « un esprit de force, d’amour et de pondération ». 

Sainte-Thérèse de l’Enfant-Jésus, que nous avons fêtée hier, nous rappelle dans ses écrits que ce sont souvent par des petites choses vécues dans la foi que nous pouvons faire de grandes choses aux yeux de Dieu.

Nous n’aurons certes pas déraciné un arbre, mais nous aurons contribué à faire jaillir la vie là où il y avait des forces de mort… et après tout c’est aussi une interprétation possible de cette image choc utilisée par Jésus puisque la mer représente dans le monde sémitique les forces du mal et l’arbre au contraire, représente comme, dans le texte de la genèse, la vie  donnée par Dieu. 

Si nous avons un petit peu de foi, nous pourrons faire jaillir la vie de Dieu, là où régnaient le péché et les forces de mort.