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Prier sans se décourager

Prier sans se décourager

(Homélie du 29ème dimanche de l’année C)

Prier, ce n’est pas toujours facile

Nous avons bien conscience que la prière est nécessaire pour entretenir une relation vivante avec le Seigneur, mais la prière régulière est loin d’être facile à mettre en œuvre, 

  • d’une part parce que, dans le rythme effréné de nos journées, il n’est pas toujours facile de trouver le silence intérieur qui nous permette de rencontrer le Christ et de se mettre à l’écoute de son Esprit Saint
  • D’autre part parce qu’on ne sait pas toujours très bien comment prier 
  • et enfin, et c’est le thème développé par Jésus dans cet évangile, parce qu’on a parfois l’impression que notre prière reste sans réponse.

 

Un évangile un peu énigmatique

Sur ce dernier point, je ne sais pas si l’évangile vous a éclairés ; pour ma part, je l’ai trouvé un peu énigmatique, au moins sur trois points :

1- Jésus incite ses disciples à prier sans nous décourager, à un autre moment, il leur a dit dans le même sens « Demander, on vous donnera, frappez et on vous ouvrira »… mais quand Jésus apprend aux disciples à prier, il leur dit : “quand vous priez ne rabâchez pas comme les païens ils imaginent qu’à force de parole ils seront exaucés”. Donc, il faut prier sans se décourager., et en même temps il ne faut pas rabâcher : comment trouver le juste équilibre ?

2- Jésus nous dit que Dieu nous fera justice, mais ne dit pas qu’il répondra directement à nos demandes : et donc en quoi cela consiste, nous faire « justice » ?

3- Et puis il y a cette promesse mystérieuse « bien vite, il leur fera justice ». Que signifie ce « bien vite » alors que le psaume 89,4 nous rappelle que pour le Seigneur « mille ans sont comme un jour ». S’il faut attendre 1000 ans pour que le Seigneur nous rende justice, on n’est pas près de voir notre prière exaucée…

Alors, comment nous repérer pour y voir plus clair ? Comment comprendre ce que le Christ veut nous dire par cet évangile ?

Pour y voir plus clair

D’abord je trouve finalement assez rassurant de voir que même les disciples qui vivent avec Jésus, qui le voient prier et à qui Jésus a enseigné comment prier… ont toujours des difficultés à prier et se découragent de voir le peu d’efficacité de leur prière.

Il semble donc que l’apprentissage de la prière fasse partie de la condition même de disciple et que nous n’avons jamais fini d’apprendre à prier.

Ensuite je vous propose d’éclairer un peu les trois énigmes que j’ai soulignées dans cet évangile.

Prier pour collaborer au royaume de Dieu

1- Quand Jésus apprend aux disciples à prier et qu’il leur demande de ne pas rabâcher comme les païens, il souhaite leur faire comprendre que le Père n’est pas un distributeur automatique de biens, mais une personne avec laquelle nous entrons en relation, une personne que nous apprenons à aimer et dont nous souhaitons faire la volonté. 

« Que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel ». Ainsi notre prière ne consiste pas à réclamer des choses pour nous mais à nous mettre à disposition du Seigneur pour collaborer à sa volonté.

Prier sans nous décourager, c’est donc nous mettre à disposition du Seigneur pour collaborer à l’accomplissement de son règne.

Et puis, notre prière ne doit pas être une prière effectuée “de loin”, c’est une prière qui est participante à l’action de Dieu, une prière active et aimante pour les personnes que le Seigneur a mis sur notre route. 

Quand je demande quelque chose au Seigneur, je m’implique aussi, en même temps, pour que cela se produise. C’est ce que signifie symboliquement cette prière de Moïse dans la première lecture, pour le combat contre les Amalécites, Moïse ne se contente pas de faire une prière de loin mais il suit ce qui se passe, il s’investit physiquement et spirituellement pour le peuple.

La justice de Dieu pour le salut de tous

2- Cela nous aide aussi à comprendre parfois le décalage entre notre propre volonté, exprimée par notre prière, et la justice que Dieu veut rendre. C’est la 2e énigme de ce texte.

La justice que Dieu veut rendre c’est : 

Quand nous sommes au cœur de l’épreuve, légitimement, nous prions pour que Dieu nous en sorte. Mais la priorité pour Dieu c’est que l’humanité entière puisse sortir du mal qui la ronge et participer à sa vie divine.

Il y a donc nécessairement un décalage entre notre désir, -que le Seigneur entend et comprend-, et l’action que Dieu mène, qui est au final pour le bien de tous. 

Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas prier, car la prière 

et Dieu accueille avec joie notre désir de bonheur pour les autres…

Dieu agit déjà… et agira encore

3- est-ce que cela signifie que nous ne verrons jamais nos prières exaucées et qu’il faut attendre la fin des temps pour percevoir cette justice de Dieu être à l’œuvre ? C’est la 3e énigme de ce texte.

En fait nous sommes dans l’entre-deux, dans le temps que les théologiens appellent le temps “eschatologique” entre le royaume déjà commencé (puisque Jésus est présent dans notre vie par son esprit) et le royaume pas encore accompli… 

Dans ce temps-là nous pouvons déjà contempler en partie l’action de Dieu présent dans notre vie, qui nous aide déjà à traverser les épreuves… et en même temps nous sommes dans le temps de l’attente et de l’espérance car ce que nous vivons aujourd’hui, n’est pas encore satisfaisant et trouvera son accomplissement auprès de Dieu.

Notre prière et donc une prière qui nous tourne vers Dieu, une prière d’attente et d’espérance, qui s’enracine chaque jour un peu plus dans cette réalité que la foi nous fait découvrir : Jésus est déjà présent par son esprit dans notre vie quotidienne et a déjà commencé à nous rendre justice.