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Le Christ-Roi

Le Christ-Roi

Chaque année nous clôturons l’année liturgique avec la fête du Christ Roi de l’univers, pour nous inviter à relire notre année sous l’angle du projet de Dieu. Comment le Christ a été celui qui nous a permis d’entrer nous-même dans cette relation bienfaisante avec Dieu et avec les autres ? Et comment avons-nous pu contri­buer, ou non, à faire venir le Règne de Dieu autour de nous et dans l’univers ?

On peut être étonné que l’évangile proclamé en ce jour soit l’épisode de la crucifixion et de la dérision du Christ en croix, avec comme unique reconnaissance de sa royauté, celle d’un autre criminel crucifié à ses côtés.

Bien sûr, la crise institutionnelle que traversent nos Églises nous in­vite à faire “profil bas” et nous sommes plus naturellement en­clins à prêcher un Christ pénitent qu’un Christ glorieux, mais le choix de cet évangile est bien plus ancien et n’est pas lié directement aux événements récents : il vient nous permettre d’approfondir un aspect de ce Règne de Dieu, dont nous demandons la venue, chaque fois que nous récitons le Notre Père.

Dans 10 jours, nous fêterons saint Charles de Foucauld, canonisé le 15 mai dernier. Or la spiritualité du frère Charles peut nous aider à comprendre en quoi le Christ crucifié peut être signe du règne de Dieu.

Après sa conversion, en 1886, il y a, chez Charles de Foucauld, un grand désir de radicalité qui le pousse à entrer dans le monastère trappiste le plus pauvre de France, Notre-Dame des Neiges, dans le but de rejoindre une dépendance de ce monastère encore plus pauvre, près d’Akbès en Syrie. Il veut prendre la dernière place, dans la vie la plus pauvre, à la suite du Christ pauvre. Le Christ s’est abaissé doublement en prenant notre nature humaine et en mourant sur la croix. Charles veut l’imiter par amour, mais sans en comprendre encore tous les enjeux.

Progressivement, l’isolement qui lui était nécessaire pour approfondir sa relation d’intimité avec le Christ va laisser la place à une autre réalité : l’apostolat de la bonté auprès de tous les hommes et en particulier des plus pauvres et des plus éloignés de toute évangélis­ation. 

À Béni-Abbès où il arrive après son ordination, il reçoit des pauvres et des gens de passage de 4h30 du matin jusqu’à 20h30 le soir. À Tamanrasset, où il arrive en 1905, il mesure combien l’annonce de l’Évangile doit passer par un long enracinement dans la fraterni­té : pendant 10 années il consacre 12 heures par jour à l’étude du touareg, à la rédaction d’un dic­tionnaire français-touareg, à l’étude des poésies et des coutumes … au point d’en connaître mieux la langue et les expressions que les habitants de la région.

Il comprend alors que les 30 années passées par le Christ à Nazareth ne sont pas seulement un prologue à la vie publique, ou un prélude à l’annonce du règne de Dieu mais déjà la mise en œuvre du règne de Dieu par le partage de la vie quotidienne et le dévouement au service de ceux dont il partageait la vie. La vie publique et la mort du Christ sur la croix sont la suite et l’aboutissement de ces 30 années de fraternité. L’accueil du salut par le bon larron sur la croix est le signe que le règne de Dieu est suffisam­ment accessible pour que même les plus pauvres et les plus pécheurs y aient accès. A nous de continuer à faire venir son règne en vivant cette fraternité autour de nous.

« Dieu, pour nous sauver, est venu à nous, s’est mêlé à nous, a vécu avec nous dans le contact le plus familier et le plus étroit, de l’Annonciation à L’Ascension. Pour le salut des âmes, il continue à venir à nous, à se mêler à nous, à vivre avec nous dans le contact le plus étroit, chaque jour et à toute heure dans la sainte Eucharistie. Ainsi, nous devons, pour travailler au salut des âmes, aller à elles, nous mêler à elles, vivre avec elles dans un contact familier et étroit ». (Charles de Foucauld, 1909).

Henri de la Hougue

Tympan de l’église Saint-Trophime d’Arles