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L’Avent, le temps du long désir

L’Avent, le temps du long désir

Voici le temps du long désir » proclame un hymne de l’Avent bien connu. Mais quel est ce long désir que nous sommes invités à raviver ?

Ce long désir n’est pas celui d’un moment furtif, mais il se déploie dans la durée. C’est :

  • le désir de trouver un sens à nos actions et à notre histoire ?
  • le désir de partager l’intimité de Dieu dans toutes les activités et les moments de notre vie ?
  • le désir d’avoir une vie suffi­samment unifiée pour que nous puissions accueillir la nouveauté et les rencontres imprévues comme une source d’enrichis­sement ?
  • le désir de voir enfin le monde être libéré de la souffrance et du mal qui l’accaparent, dans notre propre vie, celle de notre entou­rage ou celle de l’humanité et de pouvoir participer pleinement à la vie même de Dieu ?

Ce désir passe par bien des ac­complissements tout au long de notre vie, mais il ne peut s’éprou­ver qu’en réalisant nos manques : manques de liberté pour aimer davantage, manques de liberté pour ne pas dépendre des éventuelles addictions, nos difficultés à prier…

Charles de Foucauld avait com­plètement perdu la foi à l’adole­scence. Il a mené une vie assez débridée dont il a fini par ne plus ressentir aucun plaisir. Il s’est alors réinvesti dans une explora­tion très périlleuse du Maroc où il a mis en danger sa vie en vivant parmi les pauvres, juifs et musul­mans. Au moment où il retrouve la foi, il écrit dans son journal : « Votre première grâce (non la première de ma vie, car elles sont innombrables à toute heure de mon existence, mais celle en laquelle je vois comme la première aube de la conversion), c’est de m’avoir fait éprouver la famine, famine matérielle et spirituelle ; 

vous avez eu la bonté infinie de me mettre dans des difficultés matérielles qui m’ont fait souffrir et m’ont fait trouver des épines dans cette folle vie. Vous m’avez fait éprouver la famine spirituelle, en me faisant éprouver des désirs intimes d’un meilleur état moral, des goûts de vertu, des besoins de bien moral. […] ».

Il arrive parfois que l’habitude nous fasse perdre progressive­ment le sens de nos engage­ments : l’acédie sur le plan de la foi, qui entraîne une tristesse spi­rituelle et un manque de goût de la prière, l’indifférence dans les relations de couple ; la perte de motivation dans les engage­ments professionnels ou associa­tifs …

Or l’Avent qui revient chaque année nous apprend que le désir se retrouve et se cultive : lorsque le Seigneur vient illuminer notre quotidien, celui-ci prend une saveur nouvelle. Nous avons, chacun, bien des raisons de demander au Seigneur cette grâce de venir creuser ce chemin du désir pour que le moment de Noël devienne aussi une vraie fête.

Est-il possible de naître quand on est déjà vieux demandait en ce sens Nicodème ? Oui, répond Jésus, si on laisse l’Esprit Saint nous travailler et venir dévelop­per en nous ce long désir qui est à la fois le ressort et le trésor de notre humanité.

Henri de La Hougue

Crijn Hendricksz Volmarijn (1601-1645) – Le Christ enseigne à Nicodème – Rotterdam, Collection privée