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L’âne et le bœuf de la crèche

L’âne et le bœuf de la crèche

En cette période de Noël, nous aimons bien, en entrant dans une église, aller voir la crèche. Nous sommes habitués à voir dans cette crèche, en plus de Marie, Joseph et Jésus, quelques bergers ainsi que différents santons qui varient en fonction des régions d’origine des crèches. Après l’épiphanie, s’y ajoutent en général les mages venus adorer le petit enfant, avec leurs offrandes.

Mais il est rare de voir des crèches sans les deux ani­maux incontournables que sont l’âne et le bœuf. Ils nous rappellent que, selon l’évangile de Luc, « l’enfant a été emmailloté dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune » (Lc 2,7).

Mais leur rôle ne s’arrête pas là et voici quelques éléments qui peuvent enrichir notre méditation de la crèche :

  1. L’âne et le bœuf, ainsi que les moutons et les brebis viennent d’abord nous rappeler la grandeur du mystère de l’incarnation dans la continuité du mystère de la création : Dieu qui a fait de l’homme le sommet de sa création, « un peu moindre qu’un dieu», mettant à ses pieds les troupeaux de bœufs et de brebis (Ps 8), se fait à présent l’un de nous. Il se rend présent au cœur de la création, au milieu des bœufs et des brebis, pour nous aider à ne pas nous accaparer le pouvoir qu’il nous a confié, mais à rendre gloire à notre créateur.
  2. L’âne et le bœuf sont cités ensemble dans le tout début du livre d’Isaïe, comme une invitation à accueillir Dieu qui vient nous visiter : « Le bœuf connaît son propriétaire, et l’âne, la crèche de son maître. Israël ne le connaît pas, mon peuple ne com­prend pas».

Alors que l’âne et le bœuf sont capables de retrouver la maison de leur maître, le peuple d’Israël, lui, se révolte contre le Seigneur et lui tourne le dos (Is 1, 3-4).

Dans la logique d’Isaïe, l’âne et le bœuf de la crèche ne sont donc pas là uniquement pour fournir au petit enfant la chaleur animale dont il a besoin, comme on l’imagine sou­vent, mais pour rappeler le paradoxe soulevé par l’é­vangéliste saint Jean : « il est venu chez les siens et les siens ne l’ont pas reçu » (Jn 1,11). L’âne et le bœuf sont donc là pour nous inviter à ne pas avoir un cœur endurci et accueillir réellement le petit enfant de la crèche comme notre sauveur.

  1. Posséder un bœuf est considéré dans l’Évangile comme une richesse qui peut nous détourner du Seigneur, ainsi dans la parabole du festin des noces, un homme refuse de venir à la noce en pré­textant qu’il vient d’acqué­rir cinq paires de bœufs et qu’il doit les essayer (Lc 14, 19). Ici, le bœuf, comme toutes les richesses que nous pouvons posséder, nous renvoie à celui qui doit être notre richesse principale, la perle de grand prix : le Christ lui-même.
  2. Quant à l’âne, il est dans l’évangile l’humble signe du Messie entrant à Jérusalem à la veille de sa passion (Mt 21, 1-11): il évoque par anticipation la figure du Messie serviteur qui donnera sa vie pour apporter le salut au monde.
  3. Mais j’aime bien aussi, cet épisode du livre des Nombres (Ch 22-24) où le roi moabite Balak, fait appel à un devin païen, Balaam, pour frapper de malédic­tion le peuple d’Israël contre lequel il est en guerre. Lorsque Balaam se rend sur place, son âne refuse de le transporter, car l’âne voit les anges qui appellent Balaam à bénir, plutôt qu’à maudire. L’âne est donc l’animal qui invite le peuple à bénir le petit enfant-Dieu.

 

Henri de La Hougue