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Benoît XVI

Benoît XVI

Mercredi soir nous avons vécu une belle célébra­tion d’hommage national pour le pape Benoît XVI dé­cédé le samedi 31 décem­bre à l’âge de 95 ans.

Joseph Ratzinger a d’abord été un excellent théologien, professeur à Bonn, Münster, et Tübingen. Pour ceux qui souhaitent entrer dans la réflexion théologique, je me permets de vous recom­mander ses livres, notam­ment Foi chrétienne, hier et aujourd’hui, ou La mort et l’au-delà, qui sont à la fois profonds, spirituels et rédi­gés de manière très péda­gogique.

Après 5 années comme archevêque de Munich, il devient préfet de la con­grégation pour la doctrine de la foi, en 1981 et supervise la commission théolo­gique internationale et la commission biblique ponti­ficale. Il exerce ce ministère jusqu’à son élection comme pape en 2005, à la mort de Jean-Paul II. Dans ce mini­stère, il s’est attaché à servir la vérité de l’Évangile et on lui doit la supervision de nombreux documents déterminants du magistère, qui donnent d’excellentes bases pour la réflexion théologique. Je pense par exemple à l’excellent docu­ment sur l’Interprétation de la Bible dans l’Église, en 1993, qui donne des repères clairs et toujours actuels sur les méthodes d’inter­prétation de la Bible.

De son ministère pontifical plusieurs choses m’ont marqué chez Benoît XVI : 

  • Après le ministère très charismatique de Jean-Paul II, il a d’abord été une figure très rassurante, car la succession d’un pape si populaire était difficile. Il a assuré une belle continuité, tout en avançant les ré­flexions en cours.
  • Je retiens son attachement à centrer l’essentiel de sa prédication sur le Christ.

Ses 3 volumes sur Jésus de Nazareth traduisent cet attachement au Christ et son désir de toujours approfondir la connaissan­ce que nous en avons à partir de toutes les sources possibles.

  • Je retiens aussi son souci d’allier foi et raison : Dans toutes ses réflexions, il mon­tre comment les chré­tiens doivent toujours utiliser leur intelligence et leur raison pour approfondir leur foi. Une foi qui ne s’appuie pas sur la raison est une foi morte, une lec­ture fondamentaliste abou­tit, écrit-il à une forme de “suicide de la pensée”.
  • Je retiens son grand souci de l’unité dans l’église. Ses travaux théologiques lui ont donné la conviction qu’après un schisme, il faut tout faire pour aboutir à une réconciliation, avant qu’une génération ne pas­se et que le schisme ne devienne irréconciliable. Il est donc entré en relation avec les évêques schisma­tiques ordonnés par Mgr Lefebvre et a ouvert la possibilité de célébrer se­lon la forme du missel pré­conciliaire de 1962 afin que les personnes de sensibilité liturgique traditionnelle puissent se retrouver en communion avec l’Église catholique.
  • Je retiens enfin sa grande humilité : il a exercé son ministère pontifical dans une grande simplicité, sans jamais chercher à se met­tre en avant. Il lui est arrivé plusieurs fois de recon­naître qu’il avait fait des erreurs d’appréciation et de demander pardon pour des maladresses et de revenir sur des décisions qu’il avait prises. À la fin de sa vie, voyant que les forces lui manquaient pour faire face à la charge pontificale, il a accepté de démissionner pour laisser la place à un autre.

Même si on a parfois oppo­sé les papes François et Benoît XVI, je vois surtout une continuité entre les deux papes, dans leurs soucis de rendre l’Église plus apte à être en dialogue avec le monde d’aujour­d’hui, sans renier la vérité et la spécificité de la foi chré­tienne. Là où Benoît XVI avait une approche plus intellectuelle et une com­munication surtout écrite, le pape François a une approche plus pastorale et une communication surtout orale. Leur différence de sensibilité est à mes yeux une richesse qui montre sa fécondité dans le temps.

Henri de La Hougue