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En ce temps là, à la porte du ciel… (Homélie Vigile 2023)

En ce temps là, à la porte du ciel… (Homélie Vigile 2023)

Soudain, dans un fracas semblable à un tremblement de terre, elle seffondra. Le nuage de poussière que sa chute produisit se dissipa en un instant, sous leffet dune lumière fulgurante et pénétrante à la fois. Dans lobscurité, la foule restait bouche bée, incapable de parler, prise de stupeur. Les visages osaient à peine se tourner vers celui quon voyait apparaître là. Il était là debout, tenant en main linstrument de sa victoire. Il venait dentrer dans les enfers, le lieu dattente de la résurrection, ce lieu où les justes, depuis la création du monde, espéraient être délivrés. Tous, ils étaient là, nen croyant pas leurs yeux.


Il se dirigea dabord vers Adam, le premier homme créé, et lui dit avec force : « Adam, lève-toi ! » « — Seigneur, cest donc toi le nouvel Adam, toi qui es venu sauver ce que nous avions perdu, Ève et moi. Toi qui as obéi quand nous avions désobéi. Toi qui rends aux hommes ce père, notre Père des cieux, celui dont nous avons eu peur, alors quil nous a créés avec amour et pour lamour. Ô bienheureuse faute qui nous a valu un tel Rédempteur ! ».

« Abraham, approche ! » « — Maître, je te connais, cest toi qui as retenu mon bras et qui nas pas voulu immoler mon fils Isaac. Le fils sacrifié sur le bois, lunique Agneau du sacrifice, cest toi ! »


« Moïse, viens aussi ! » « — Ô toi que j’ai vu dans le Buisson ardent, cest toi qui, par ma main, nous as fait sortir du pays dÉgypte, et cest toi qui aujourdhui, Lumière dans le monde, viens nous délivrer des ombres de la mort. Je reconnais ta main, c’est celle qui a écrit la Loi sur la pierre et qui maintenant l’écrit dans les cœurs. Oui, cest toi le Verbe de Dieu qui a dit au commencement « Que la lumière soit ! ».


« Isaïe, debout ! » « — Ô Seigneur, moi qui ai parlé de ta fidélité, moi qui ai annoncé ton Salut, tu me montres aussi ta tendresse. Prends-moi avec toi, montre-moi cette alliance nouvelle et éternelle, donne-moi un festin de viandes grasses et de vins capiteux, à moi qui ai toujours prêché ta promesse. Montre-moi ta Miséricorde, Seigneur, toi qui mas envoyé lannoncer »


« Ézéchiel, accours ! » « — Quel bonheur, Seigneur, de recevoir de toi un cœur nouveau, d’être vivifié par une eau pure, moi qui lai annoncé. Vois, Seigneur, ton peuple est comblé en cette nuit très sainte. Vois, Seigneur, par ta présence tu accomplis ce que javais annoncé, tu scelles en nos vies une alliance nouvelle et éternelle. Vois, Seigneur, ta lumière se répandre sur nos vies ! ».


Sur le bord du chemin, attendant le passage du Vainqueur, se tenait, dans lombre, une ombre. Lorsque la lumière vint à passer, lombre se fit plus sombre, et de lobscurité une voix s’éleva. « Jésus de Nazareth, maintenant, je sais qui tu es ! Il y a trois ans au désert, je tavais vu venir, tu avais déjoué mon manège… Je suis revenu hier au Golgotha. Jaurais espéré de toi un soupir, un regret. Dans mon dégoût, je nai vu que de lamour et de la gratuité, je nai vu que de la compassion, je nai vu — et ces mots marrachent la bouche — quun acte de don total. » « — Satan, répondit le Seigneur, cest inutile. Je tai vaincu, désormais tu nas plus aucun pouvoir sur moi. Toi aussi tu étais fait pour la Lumière, Lucifer. » « Lucifer nest plus mon nom, je suis désormais le Diviseur, je ne puis supporter cette victoire, comme la bête blessée à mort, je combattrai ton nom, je le ferai tomber, je te le promets ». « — Tu es vaincu, Malin, parce que tu las voulu, et parce que tu as voulu te séparer de moi. Je te lordonne, retourne en Enfer, lenfer éternel de ton obstination, dans lobscurité de ta haine, plus obscure encore depuis que mon amour a triomphé ».

 

Le cortège arrivait au Paradis. Deux anges se tenaient là et se prosternèrent devant le Christ. « Lheure vient,Seigneur ; moment béni où vous allez ramener à la vie votre corps supplicié, faisant de lui en votre personne divine et en votre nature humaine, un corps glorieux, afin que les hommes croient en vous et en celui qui vous a envoyé ». Un autre ange sadressa au Seigneur : « Nous avons été désignés pour annoncer aux femmes et aux disciples la nouvelle. Que devons-nous leur dire ? »

Jésus, plein de lumière, leur répondit : « — Vous direz : celui que vous avez crucifié est ressuscité. Il est la vie, il a vaincu la mort. Il vous précède en Galilée, il vous précède tous et partout, jusqu’à la fin des temps. Il est lunique Sauveur, même de ceux qui lignorent. Il ny en a pas dautre. Il est ressuscité et il vous ressuscitera à votre tour si vous croyez et si vous changez votre vie. »

Frères et sœurs bien aimés, cela nous concerne tous, car cest lhistoire du Salut. En fait, cette histoire nous parle de l’évènement le plus fondamental de toute notre vie… Ce nest pas le dernier film sorti au cinéma, ni la victoire tant attendue du Paris-Saint-Germain en Ligue des Champions. La résurrection du Christ concerne notre Vie avec un grand V. Notre vie existentielle, notre vie vitale : la vie que seul Dieu peut nous donner.

Si ce soir, Augustin, Daphné et, non loin de Nancy, notre ami Evan vont être baptisés, cest précisément pour que quelque chose change dans leur vie. La résurrection du Christ nest pas un à-côté de la foi chrétienne. Ce nest pas un extra-bonus. Cest le cœur, le centre de la foi, car cest vers la vie du Christ que converge toute lHistoire. Au cœur de notre vie doit résonner le cœur de la vie du Christ, sa résurrection, qui en est l’évènement le plus fondamental. En Jésus, la mort et le péché sont détruits pour que puisse resplendir la vie.

À vous qui allez être baptisés, et à nous qui le sommes depuis longtemps, le Christ nous offre ce soir une parole, et deux symboles pour entrer dans son mystère.

  

Une parole, « Soyez sans crainte ! ». La résurrection, comme victoire sur le mal et sur la mort éternelle, doit être pour chacun de nous une source de confiance. Parce que le Christ est ressuscité dentre les morts, parce que le tombeau est vide, nous pouvons, chacun dentre nous, vivre dans lespérance d’entrer dans la vie. Être baptisé, cest entendre pour soi-même la parole du Christ : « Sois sans crainte, tu as du prix à mes yeux, et je taime. Je fais de toi mon enfant, car je veux te donner la vie qui vient de ma résurrection ».

 

Ensuite, le signe de la Lumière. Au début de cette vigile, nous étions éclairés par la seule lueur de nos bougies, flammes fragiles qui pourtant ont suffi à illuminer notre immense église. Cette lumière nous vient du Christ, cest Lui qui illumine nos vies, cest Lui qui va illuminer vos vies, cher Augustin et chère Daphné. Ces cierges nous permettent aussi de comprendre quelque chose du mystère de lÉglise que nous formons ensemble. En effet, lorsque l’on transmet la lumière de notre cierge, celle-ci ne diminue pas. Elle se partage et plus elle se partage, plus elle grandit. À l’inverse, si jamais vous prenez un cierge seul, sa flamme est fragile et frêle : au moindre coup de vent, elle risque de s’éteindre. Si maintenant vous approchez plusieurs cierges les uns des autres, non seulement la flamme grandit, mais elle se fortifie et résistera bien mieux aux vents. Et si jamais votre flamme s’éteint un autre cierge pourra à nouveau vous transmettre sa lumière. 

En ce soir, nous formons une portion de l’Église illuminée dans la foi par le Christ. Cest vous, tout à lheure, cher Augustin et chère Daphné, qui allez nous transmettre à nouveau cette lumière de la vie, que vous aurez reçue au baptême ; vous nous transmettrez et nous recevrons quelque chose de votre foi toute fraîche, toute nouvelle, pour manifester que nous vous accueillons dans notre communauté de l’Église.

 

Enfin, il y a le signe de leau. Leau qui fait vivre et purifie. Leau qui rafraîchit et revigore. Leau vive coulant du côté du temple, leau qui jaillit du côté du Christ, leau vive du Salut ! Sans eau, pas de vie possible. Cette eau du baptême, frères et sœurs bien aimés, nous allons en être aspergés… joyeusement — et je vous le confesse, pour tout prêtre, cette aspersion de la foule est toujours une grande joie. Par cette aspersion, rappelons-nous notre propre baptême. Depuis le début du Carême, nous nous sommes entraînés, nous avons essayé de nous convertir pour entrer dans la même ferveur que nos catéchumènes : alors goûtons à leur joie, à ce bain de la nouvelle naissance. Recevons profondément ce que signifie cette eau baptismale : elle nous associe à la mort et à la résurrection du Christ. Elle nous plonge dans la mort avec lui — car la mer à l’époque du Christ était le lieu de tous les dangers — et nous offre ce qui est indispensable à notre vie véritable.

 

Ainsi donc, frères et sœurs, quelque 2000 ans plus tard, ce nest plus Adam, Noé, Abraham, Moïse ou Ézéchiel que Jésus vient rencontrer et vient tirer de la mort. Cest nous : Louise, Martin, Henri, Hélène, Capucine, Albane, Robert, Dominique, Jean-Claude, Marie-Pierre… et cest vous, Karim-Augustin et Daphné, qui allez être unis au Christ en sa résurrection dans quelques instants. Nous navons pas besoin de traverser une porte de pierre, mais dentrer dans la foi dans ces deux symboles, la lumière et leau, qui nous constituent comme membres de lÉglise appelés à avancer vers le Royaume de Dieu. Car la promesse de Jésus cest bien cela : la vie et la vie en abondance. La vie et la vie que rien, pas même la mort, ne pourra nous enlever. La vie, et la vie où le Bien a triomphé définitivement de la mort. La vie et la vie éternelle.

Christ est ressuscité, Alléluia ! Il est vraiment ressuscité, Alléluia !