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Le saint d’aujourd’hui est-il simplement un “héros de la résistance” ? 

Le saint d’aujourd’hui est-il simplement un “héros de la résistance” ? 

Le héros est celui qui accomplit une action extraordinaire aux yeux des hommes. L’héroïsme chrétien est donc la capacité à témoigner, d’une manière extraordinaire, de la charité, le plus souvent par le don de sa vie. C’est le cas des premiers martyrs chrétiens et à leur suite de nombreux missionnaires qui partaient en mission en sachant qu’ils risquaient de mourir de maladie ou d’être tués dans les premières années de leur vie missionnaire. Leur vie appartenait au Christ et ils étaient prêts à la sacrifier pour le Royaume de Dieu. C’étaient des héros!

Cet héroïsme se manifeste aussi pour des personnes qui n’avaient pas nécessairement pensé, dès le début, sacrifier leur vie, mais qui ont posé, à un moment donné, un choix décisif, un acte héroïque, par fidélité à leur foi chrétienne, qui leur a permis de donner leur vie au moment opportun: le Père Maximilien Kolbe qui s’est proposé pour être tué à la place d’un père de famille au Camp de concentration d’Auschwitz, les moines de Tibhirine qui ont fait le choix de rester par solidarité avec le peuple algérien et l’ont payé de leur vie…

Mais l’héroïsme chrétien ne se limite pas au martyre. Le martyre est la manifestation finale d’une disponibilité antérieure plus profonde des personnes qui ont fait le choix de donner la priorité à Dieu dans toute leur vie. L’héroïsme se situe déjà là, dans ce choix initial de dire “oui” au Christ, et dans sa mise en œuvre fidèle durant toute la vie.

Car cette disponibilité spirituelle dans la durée se traduit nécessairement au quotidien par de multiples combats, dont le but final est l’union à Dieu dans le Christ. Ce sont les combats contre les tendances égoïstes qui nous centrent sur notre propre bien aux dépens de la vie avec Dieu ou des besoins des autres. Ce combat pour la libération du péché, lorsqu’il est continu et se vit dans la durée, même s’il connaît des échecs, relève d’un véritable héroïsme: l’héroïsme de la résistance. 

Les héros chrétiens de la résistance sont ceux qui luttent courageusement contre les addictions qui les emprisonnent, qui se relèvent courageusement après avoir chuté, sans se décourager. Ce sont ceux qui luttent avec courage contre la dépression ou les épreuves de la vie. Ce sont ceux qui résistent aux pressions de la société de consommation et décident de vivre autrement, ceux qui acceptent de partager leur foi dans un milieu où cela est mal perçu, ceux qui résistent à la routine du quotidien et décident chaque jour de poser des actions qui entretiennent leur foi. Ce sont les personnes âgées qui deviennent dépendantes et acceptent de ne pas se centrer sur ce qu’elles n’arrivent plus à faire, mais sur ce qu’elles peuvent encore faire pour les autres. 

L’héroïsme chrétien de la résistance ne se mesure pas à la difficulté de l’action menée, car une même action pourra être facile à certains et difficile à d’autres ; elle se mesure à la qualité de l’engagement de la personne à la suite du Christ. Dieu seul est capable de mesurer la véritable héroïcité de nos actes de résistance. Les personnes canonisées ne sont là que pour nous encourager, mais fort heureusement, il y a sans doute, aux yeux de Dieu, bien plus de héros chrétiens que de saints canonisés.

Cependant, si la sainteté est essentiellement vue comme un héroïsme de la résistance, nous passons sans doute à côté de l’essentiel. Car cela signifierait que nous subissons davantage le monde que nous ne participons à sa construction. Tout choix nécessite des renoncements et des résistances, cependant ce qui est premier ce n’est pas le renoncement, mais la valeur positive du choix posé. Une personne qui se marie n’est pas d’abord une personne qui renonce à d’autres aventures ou qui devra résister durant toute sa vie aux tentations de l’infidélité. Elle est d’abord un personne qui choisit librement d’en épouser un autre parce qu’elle l’aime. Ce choix est positif, il est héroïque dans la mesure où il devient le choix de toute une vie. 

De même, nous ne pouvons pas échapper à l’expérience de la souffrance et du péché, mais nous devons croire que le salut apporté par le Christ est plus fort que la mort. Et lorsque nous faisons le choix d’aimer le Christ et de nous unir à lui, nous faisons un choix positif qui sera héroïque s’il est le choix de toute une vie. La manière dont nous allons décliner notre vie avec le Christ va colorer notre héroïsme.

À nous de choisir l’héroïsme qui sera le nôtre pour répondre à l’appel à la sainteté que nous adresse le Christ :

  • Héros de l’espérance, celui qui choisit de regarder les événements vécus et les personnes rencontrées avec la conscience qu’une ouverture est toujours possible.
  • Héros de la foi, celui qui choisit de partager ouvertement la foi qui le fait vivre à ses collègues.
  • Héros de la persévérance, celui qui tient bon dans ses engagements, années après années.
  • Héros de la bienveillance, celui qui choisit de dépenser chaque jour de l’énergie à dire du bien des autres.
  • Héros du service, celui qui choisit, une fois retraité, de profiter du temps qu’il a pour se mettre au service des autres.
  • Héros de la mise en relation, celui qui consacre son énergie à mettre les uns et les autres en relation au nom de sa foi.
  • Héros de la joie, celui qui consciemment veille à mettre de la joie et de la bonne humeur autour de lui.


Père Henri de La Hougue

Image : Vatican News 14 août 2019,  « Le père Maximilien Kolbe, modèle du don de soi ».