En direct
[vc_separator type='transparent' color='' thickness='' up='20' down='7']
Contactez nous !
Aidez nous !

Le combat spirituel

Le combat spirituel

Cette semaine, nos groupes de Lectio divina ont eu à méditer plus particulièrement le récit du combat de Jacob avec l’ange (Gn 32, 25-33). La scène, magnifiquement illustrée par Eugène Delacroix dans la chapelle des Saints Anges, évoque de manière symbolique le combat spirituel du croyant qui désire progresser dans sa vie spirituelle.

Pour Jacob, il s’agissait de faire à nouveau confiance en Dieu avant de retrouver son frère Esaü dont il avait usurpé la bénédiction et qui avait juré de le mettre à mort. Pour nous ce combat est celui de la foi, lorsque nous traversons des épreuves et qu’il est bien difficile de s’appuyer sur Dieu pour trouver la force d’affronter ces épreuves.

Alors que nous commençons la semaine de la passion, où nous aurons à contempler le combat spirituel du Christ à Gethsémani, il est bon de repérer ces combats qui touchent notre vie.

Paul nous enseigne que ceux qui accueillent le Christ vivent de l’Esprit du Christ, mais que leurs corps restent encore marqués par le péché (Rm 8, 9-16). Cela signifie que, malgré notre attention à vivre à l’écoute et avec l’aide de l’Esprit Saint, la tendance au refus de faire la volonté de Dieu et à vouloir s’appuyer sur nos propres forces est toujours présente. Le Christ lui-même, tout Fils de Dieu qu’il était, ayant pris notre condition humaine a réellement été tenté par le diable.

Il n’est donc pas très étonnant que nous ayons à traverser au cours de notre vie des moments d’épreuve spirituelle, souvent couplés à des épreuves physiques ou psychologiques qui viennent remettre en cause les convictions de foi que nous pensions bien ancrées en nous. La question du mal et de la souffrance n’est pas nouvelle, mais quand elle nous touche intimement, elle se pose de manière toute différente et les réponses que nous avions pu mentalement y apporter, peuvent ne plus nous paraître pertinentes. Il faut alors reprendre à nouveaux frais cette question de la Providence : la certitude que Dieu est bien présent et agissant dans notre vie, malgré les épreuves qui nous touchent.

Mais le combat spirituel ne se vit pas nécessairement lors de grandes épreuves. Il est aussi le combat de la fidélité au quotidien, qui consiste à maintenir vivante notre foi, mise à l’épreuve par le diable qui tente de nous diviser avec Dieu, avec notre entourage ou en nous-mêmes : c’est le combat de la fidélité à la prière, de l’attention à porter aux autres de manière renouvelée (et déjà au sein de notre famille), de l’attention à notre propre équilibre de vie.

Au cœur de la vie spirituelle, le combat peut prendre des formes subtiles: sous d’apparentes bonnes actions, le mal nous détourne de l’essentiel : abuser de la liberté qui nous est donnée en nous justifiant par le fait qu’elle est un don de Dieu, exagérer les pénitences que nous nous donnons en augmentant notre culpabilité et en croyant que nous pourrons vaincre le mal par nous-mêmes, délaisser les besoins de nos frères et sœurs pour accroître notre temps de prière, utiliser pour notre propre gloire des dons reçus de Dieu en vue de l’édification de l’Eglise…

Tout cela conduit peu à peu à un éloignement progressif de Dieu qui peut mener à une sécheresse spirituelle ou à une sorte de dépression spirituelle qu’on appelle l’acédie.

Beaucoup de grands mystiques ont traversé de longs moments de “nuit spirituelle” où il leur a fallu progresser dans l’obscurité, pas à pas, s’appuyant sur l’unique confiance en la foi reçue, sans ressentir aucune aide extérieure.

Mais la nuit du combat débouche sur l’aurore. Le tableau d’Eugène Delacroix nous présente déjà l’aurore qui apparaît à la fin du combat. L’âpreté du combat est devenue une quasi-étreinte : Jacob ne veut plus lâcher l’ange tant il a la conviction que ce combat va aboutir à une bénédiction qui lui donnera la force d’affronter l’avenir dans la sérénité, même s’il en repartira avec une séquelle, une faiblesse qui lui rappellera jusqu’à la fin de ses jours que c’est Dieu qui sera toujours la source de sa force.

Père Henri de La Hougue