07 Juin Le Sacré-Cœur de Jésus
Nous avons fêté, vendredi dernier, la solennité du Sacré-Cœur. Cette fête, qui était, au départ, une dévotion locale, fut étendue à l’Église universelle par Pie IX en 1856. 100 ans plus tard, le pape Pie XII lui consacra une encyclique : “Haurietis Aquas” (“Vous puiserez les eaux”) dans laquelle il reprend l’essentiel de la doctrine concernant le culte du Sacré Cœur.
Dès l’Ancien Testament, de nombreux passage nous montrent que l’Alliance entre Dieu et les hommes ne fut pas un pacte de soumission entre un “Dieu tout puissant” et un “peuple obéissant”, mais un pacte qui témoigne d’abord d’un amour mutuel entre Dieu et son peuple, comme Dieu lui-même le rappelle par la bouche du prophète Osée : “Oui, j’ai aimé Israël dès son enfance (…) C’est moi qui lui apprenais à marcher, en le soutenant de mes bras, et il n’a pas compris que je venais à son secours. Je le guidais avec humanité, par des liens d’amour ; je le traitais comme un nourrisson qu’on soulève tout contre sa joue” (Os 11, 1.3-4).
Le témoignage de cet amour débordant culmine dans la vie, la passion, la mort et la résurrection du Christ, vécues entièrement pour le salut de l’humanité. Nous n’aurons jamais fini
d’approfondir la réalité de cet amour, comme le rappelle Saint Paul : “restez enracinés dans l’amour, établis dans l’amour. Ainsi vous serez capables de comprendre avec tous les fidèles quelle est la largeur, la longueur, la hauteur, la profondeur… Vous connaîtrez ce qui dépasse toute connaissance : l’amour du Christ. Alors vous serez comblés jusqu’à entrer dans toute la plénitude de Dieu” (Eph 3, 18-20).
Le cœur aimant de Jésus est actif pendant la passion, mais il l’est également après la résurrection ; l’Église, qui naît du cœur du Christ, continue d’en vivre, comme d’un principe vital qui unifie et anime tout son corps et le guide vers sa fin.
C’est pour répondre à cet amour que les chrétiens ont été très tôt poussés à contempler le cœur aimant de Jésus. Une étape importante de cette dévotion a été franchie au XVIIe siècle lorsque, sous l’influence de saint Jean-Eudes ou de sainte Marguerite-Marie Alacoque, les premières messes et litanies dédiées au Sacré-Cœur ont été déployées. Notre église Saint-Sulpice a été parmi les premières églises de France à ériger, en 1748, une chapelle dédiée au Sacré-Coeur.
La vénération du Sacré-Coeur ne se limite pas à une vénération du Christ aimant le monde au moment de sa passion, elle nous aide à porter un regard sur l’ensemble de la vie du Christ qui se met à l’écoute des personnes, qui cherche toujours leur bien et leur progression en vue du royaume, qui pardonne et qui accompagne chacun là où il en est. Elle nous aide aussi à réaliser que le Christ continue de nous aimer, personnellement et collectivement, qu’il continue, par amour pour nous, de nous assister et de nous faire grandir grâce à son Esprit-Saint.
La dévotion au Sacré-Coeur, qui, comme beaucoup de dévotions populaires, connaît un regain d’intérêt chez de nombreux jeunes catholiques, vient nous rappeler que la foi n’est pas d’abord une démarche intellectuelle, un pari sur l’avenir, ou une protection dans les épreuves, c’est avant tout une affaire d’amour. Puisque le Christ nous aime, osons lui dire en retour : “Seigneur, moi aussi je t’aime !” C’est à cela que nous invite la fête du Sacré-Coeur.
Père Henri de La Hougue