
24 Jan Le Concile de Nicée
Cette année jubilaire est aussi le 1700e anniversaire du Concile de Nicée, un concile fondamental pour notre Église parce qu’il pose les bases du Credo que nous récitons le dimanche.
En 313, l’empereur Constantin qui s’est converti, accorde aux chrétiens de l’empire romain la liberté de culte et le christianisme sort de la semi-clandestinité où les persécutions l’avaient tenu, notamment les deux plus sévères, celle de Dèce (vers 250) et celle de Dioclétien (de 303 à 311).
La pensée chrétienne peut alors s’exprimer librement mais doit pour cela trouver les moyens d’exprimer le cœur de sa foi avec les concepts intellectuels de cette époque, qui est marquée par les philosophies dominantes grecques (stoïcisme, néoplatonisme, néoaristotélisme) qui sont déistes. Ces philosophies tiennent une conception de Dieu obtenue par la raison : un Dieu unique, immuable et impassible, cause et ordonnateur du monde, objet de contemplation pour les êtres humains, mais très loin de ceux-ci et peu tourné vers eux. Aussi, lorsque le Christianisme affirme que Jésus est le Fils de Dieu, qu’il est auprès du Père et ne fait qu’un avec lui, la pensée grecque a beaucoup de mal à le conceptualiser.
C’est ainsi qu’un prêtre très influent d’Alexandrie, nommé Arius, marqué par cette philosophie, ne peut pas admettre que le Fils puisse être de la même nature, de la même “substance” que le Père. Il est forcément “créé” par le Père, un peu en dessous du Père, sinon, on n’aurait pas pu avoir pleinement accès à lui. Ses idées se répandent très rapidement car elles sont plus acceptables par la rationalité de cette époque.
Mais une telle affirmation pose de graves problèmes théologiques, car si Jésus n’est pas vraiment Dieu, pouvons-nous considérer qu’il puisse nous sauver ? Et puis surtout, cela ne rend pas compte de la Bonne Nouvelle de l’Évangile…
Face au risque de contamination de cette pensée, beaucoup plus facile à accepter par la mentalité gréco-romaine, mais non conforme à la foi des premiers apôtres, Constantin convoque en 325 le premier grand “concile” (du latin concilium = réunion) avec 318 évêques – un nombre très important compte tenu des difficultés de déplacements de l’époque – pour prendre une position officielle par rapport aux positions d’Arius.
Les évêques conciliaires se mettent d’accord sur une formulation de la foi chrétienne, qui sera ensuite complétée par celle du Concile de Constantinople en 381 pour former notre “Credo de Nicée-Constantinople”, puis profitent de ce rassemblement pour prendre d’autres décisions sur :
- la date de célébration de Pâques (pour que tous les chrétiens célèbrent cette fête le même jour en signe d’unité) ;
- d’autres usages liturgiques ;
- les structures de l’Église qui se développe ;
- le clergé ;
- les pénitences de ceux qui avaient quitté l’Église pendant les persécutions ;
- le baptême et la réintégration des personnes venant d’églises hérétiques.
Fêter l’anniversaire de ce Concile n’est pas seulement un rappel historique. C’est l’occasion de rendre grâce pour notre foi qui a nourri tant de générations depuis 1700 ans. C’est une invitation à l’unité entre tous les chrétiens pour lesquels la division est un contre-témoignage terrible.
C’est aussi l’occasion de nous rappeler que pour être pertinent, notre témoignage de foi doit toujours tenir compte à la fois de la fidélité à une Tradition ancrée dans la Parole de Dieu et de la nécessité de rejoindre le monde d’aujourd’hui dans un langage ajusté et approprié.
C’est notre responsabilité de chrétiens appelés à rendre compte de la foi qui nous habite.
Henri de La Hougue
Photo : AURIMAGES