
07 Mar Aimer Dieu créateur
Vivre le carême sur le thème de l’amour ce n’est sans doute pas si habituel… et pourtant c’est bien le fond de toute notre démarche de vie chrétienne.
On l’a bien compris, l’amour n’est pas seulement un état dans lequel on se trouve pris (état amoureux), mais c’est un choix de notre intelligence, de nos désirs et de notre volonté, un choix qui nous ouvre à la liberté de vivre pour l’autre. C’est le sens du grand commandement de l’amour: “Aimer Dieu de tout son cœur, de toute son âme et de toute sa force” et “aimer son prochain comme soi-même”.
Pendant ces cinq semaines de Carême, avec Saint Augustin, nous allons approfondir ce chemin de l’amour de Dieu et du prochain. Pour nous y aider et pour permettre à ceux qui ne peuvent se joindre aux groupes de carême de le faire aussi, je vais, chaque semaine, introduire le thème qui sera abordé et vous suggérer quelques pistes de réflexion (les questions en gras) qui vous permettront d’entrer dans ce chemin.
Dans les textes que nous allons méditer pendant cette première semaine de Carême, Saint Augustin nous invite à contempler l’amour de Dieu dans la création. Une thématique pas si évidente :
- d’un côté, la beauté de la nature me parle de Dieu ; je me sens fréquemment en harmonie avec Dieu en contemplant un beau paysage de montagne, de bord de mer ou une belle forêt. Je trouve aussi les traces de Dieu lorsque je m’émerveille devant un petit bébé qui s’éveille à la vie…
- mais d’un autre côté, l’expérience du mal, si présente dans la création, qui me touche parfois de l’extérieur ou même de l’intérieur, peut me faire douter de cet amour de Dieu. Pourquoi Dieu, qui nous aime, permet-il ce mal et comment moi-même suis-je complice de ce mal qui s’oppose à la beauté et à la bonté de la création ?
Saint Augustin n’évacue pas cette expérience du mal, mais il la relativise par rapport au bien et au bonheur que Dieu veut pour chacun d’entre nous. Nous pourrons discuter en groupe sur cette phrase elliptique de
Saint Augustin “Dieu, toi qui ne fais pas le mal, et qui fais qu’il soit, pour que cela ne soit pas pire”, comme si l’expérience du mal à laquelle nous sommes confrontés était nécessaire pour nous obliger à combattre ce mal et choisir de faire le bien autour de nous.
La création vous semble-t-elle témoigner de l’amour de Dieu ? Comment comprenez-vous l’expérience du mal dans la création et dans votre propre vie ?
Notre place dans la création, bonne et voulue par Dieu, se manifeste aussi dans la quête d’harmonie et de sens qui nous habite : “Dieu est le père de la vérité, le père de la sagesse, le père de la vie véritable, père du bonheur, père du bien et du beau, père de la lumière intelligible, père de notre éveil et de notre illumination” dit Augustin. Dieu nous attire à lui par ce grand désir qui nous permet de dépasser nos enfermements et nos limites, de ne pas nous satisfaire de nos incapacités à aimer Dieu et notre prochain.
Qu’est-ce qui vous attire en Dieu, qu’est-ce qui vous pousse à vous approcher de lui ?
L’éloignement de Dieu engendre progressivement la mort tandis que celui qui retourne vers lui retrouve la vie.
Avons-nous fait cette expérience d’un retour à Dieu qui nous a redonné vie ?
Saint Augustin nous propose de choisir Dieu, d’oser lui dire, à sa suite : “désormais c’est toi seul que j’aime, toi seul que je suis, que je cherche, que je suis prêt à servir” et à profiter de ce Carême pour vivre un chemin vers lui. Mais comment aller vers lui dans cette création souvent confuse, alors que nous sommes encore tellement attirés par nos asservissements ? Augustin nous invite vraiment à lui demander une guérison intérieure, une purification de ce qui nous empêche de le voir et d’aller vers lui : “Dis-moi où regarder pour t’apercevoir et j’espère que je saurai faire tout ce que tu m’ordonneras”. “Apprends-moi comment parvenir à toi” ”Toi, guide-moi, fournis-moi le viatique (…) augmente en moi la foi, augmente l’espérance, augmente la charité!”
Quels sont ces obstacles qui m’empêchent encore d’aller vers Dieu, de le voir davantage, de lui laisser une plus grande place, qui m’empêchent d’exercer positivement ma volonté d’aimer ?
Henri de La Hougue