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La contemplation et l’action

La contemplation et l’action

Dans les groupes de réflexion sur le synode, un des thèmes partagés portait sur la prière : comment s’orienter et progresser dans la vie spirituelle ? Comment être guidés dans ce cheminement ? Il me semble que l’un des piliers pour progresser est de toujours maintenir un rapport contemplation/action qui soit équilibré.


La tendance dans un monde marqué par les sciences positives est d’abord d’insister sur l’action, le “faire”. Une des premières questions que l’on pose à une personne que l’on rencontre, c’est « que fais-tu dans la vie ? ». Or, même si le “faire” et “l’être” ne s’opposent pas et se fécondent l’un l’autre, la chose première et plus fondamentale de notre vie c’est notre réalité existentielle, notre être relationnel qui nous permet d’exister à nos propres yeux, aux yeux de Dieu, aux yeux de notre famille et aux yeux de tous ceux avec lesquels nous sommes en relation. L’approfondissement de cette réalité est ce que l’on appelle, de manière un peu large, dans la vie spirituelle, la « contemplation » par opposition à « l’action ».

Contemplation et action ne vont pas l’une sans l’autre. Une vie uniquement axée sur la contemplation aboutirait à un déséquilibre et une déresponsabilisation vis-à-vis de ce monde qui nous est confié par Dieu. Saint Benoît le rappelait dans sa règle pour les moines « L’oisiveté est ennemie de l’âme. Aussi les frères doivent-ils s’adonner à certains moments au travail manuel et à d’autres heures déterminées à la lecture de la parole divine. » (§48). Cet équilibre est résumé dans la devise bénédictine « ora et labora », « prie et travaille ! »


Mais pour nous qui sommes dans le monde, le risque est plutôt de délaisser la contemplation. L’action (même lorsque, paradoxalement, elle dégénère en procrastination et en heures passées devant les écrans de nos téléphones) est une réalité naturellement en voie d’expansion, tandis que la contemplation, elle, peut facilement diminuer jusqu’à disparaître quasi totalement de nos journées. Ainsi, beaucoup d’entre nous ont fait cette expérience d’avoir très souvent à se battre pour retrouver le temps de prière et de méditation qu’ils avaient mis en place quelques mois ou années auparavant et qui a progressivement disparu.


Cet équilibre action/contemplation est absolument fondamental. Il est symboliquement rappelé dans l’évangile de Marthe et Marie : lorsque l’action a tendance à s’accroître, il ne faut pas diminuer la contemplation, mais l’augmenter en proportion. Et si, en augmentant nos engagements actifs, si bons soient-ils, on ne trouve plus le temps de prier, cela signifie tout simplement qu’il faut diminuer d’autres activités. Car les meilleures actions, détachées de ce qui leur en donne leur motivation profonde, perdront progressivement de leur pertinence et seront alors vécues de manière desséchante. Cette règle est valable avec Dieu, mais c’est aussi dans les relations humaines : prendre le temps de la contemplation, c’est aussi prendre le temps de s’arrêter pour vivre avec plus d’intensité le fait d’être ensemble, en couple, en famille, entre amis… et réaliser ce qui est en train de s’approfondir sur le plan existentiel.


En rédigeant cet édito, je m’adresse aussi bien à vous qu’à moi-même : alors que les tâches pastorales se multiplient, garder le temps nécessaire, et même un peu plus, pour le cœur à cœur avec Dieu (car la prière est d’abord une histoire d’amour et de gratuité) est un vrai combat pour moi, un équilibre sans cesse à reprendre. Mais il me semble que c’est un beau combat spirituel pour ces deux dernières semaines de carême et je suis heureux de le vivre avec vous.

Henri de La Hougue