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Les dix lépreux

Les dix lépreux

(Homélie du 28e dimanche de l’année C)

La lèpre est une maladie très grave qui touche la peau, les nerfs, les voies respiratoires et les yeux. C’est une maladie mortelle et contagieuse, qu’on ne sait soigner que depuis 50 ans et qui a quasiment disparu des pays Occidentaux. 

Avant que l’on puisse soigner cette maladie, les lépreux vivaient ensemble, dans des léproseries, à l’écart de la ville et des villages. Leur maladie les empêchaient d’avoir un contact social avec leur famille et leurs amis, d’exercer leur métier. 

Sur le plan religieux, dans le judaïsme, ils étaient, en plus, considérés comme impurs et ne pouvaient pas vivre une vie religieuse ordinaire.

Les rares lépreux qui guérissaient devaient se montrer aux prêtres du Temple, qui attestaient de la guérison et délivraient un document qui leur permettait d’avoir un nouvel accès à la vie familiale, sociale et religieuse.

La foi des dix lépreux

Les 10 lépreux de l’évangile font une belle démarche de foi: ils vont à la rencontre de Jésus, pour lui demander la guérison, ils le désignent comme leur maître, ils acceptent de rester à distance, puis d’aller voir les prêtres du Temple pour faire reconnaître leur guérison, sans que Jésus n’ait opéré de signe extraordinaire qui provoquerait leur guérison. Jésus a dit simplement «allez vous montrer aux prêtres». Ils croient à la parole de Jésus et, grâce à cette foi, ils sont guéris en cours de route.

Les 9 lépreux guéris

Mais que se passe-t-il ensuite

9 d’entre eux, sont sans doute allés, en toute hâte, voir les prêtres du Temple pour recevoir le certificat de leur guérison. De là, ils sont certainement allés retrouver leur famille et leurs amis; peut-être que certains sont allés chercher un métier, bref ils ont repris leur vie sociale qui leur manquait depuis longtemps. Et on les comprend.

Pourtant, trop accaparés par leur désir de reprendre leur place dans leur famille et dans la société, ils en ont oublié celui qui était la source de leur guérison: ils n’ont pas éprouvé la nécessité de revenir vers Jésus pour le remercier et chercher à comprendre d’où venait cette force de guérison.

A la réflexion, en lisant ce texte, je me suis dit que notre rapport à Dieu était parfois assez proche de leur attitude: ils sont ancrés dans leur tradition religieuse, ils ont une foi certaine en Jésus. Grâce à cette foi, ils sont allés trouver Jésus quand ils étaient dans l’épreuve… 

Mais à partir du moment où ils n’ont plus ressenti directement le besoin du Christ, ils se sont laissés accaparer par leurs réseaux sociaux, leur travail, par la vie du monde et ils n’ont plus pensé, ni à remercier Dieu pour leur guérison, ni à comprendre la place qu’avait eu Jésus dans cette guérison.

Nous aussi, cela nous arrive:…on pense à prier quand les choses vont mal, quand les épreuves approchent… mais quand les choses vont mieux, quand nous retrouvons une bonne santé, quand les choses pour laquelle on avait prié se sont réalisées, on passe vite à autre chose et on oublie d’en remercier celui qui nous l’a donné: le Seigneur Jésus.

La guérison: un point de départ

Le Samaritain, lui, lorsqu’il a réalisé qu’il était guéri, a pensé que sa première priorité n’était pas d’aller voir les prêtres pour obtenir de certificat de guérison, mais de retourner voir Jésus, celui qui était la source de sa guérison. 

Il est donc revenu sur ses pas, en glorifiant Dieu à pleine voix et s’est prosterné devant Jésus car il a reconnu en lui, celui qui va désormais donner un sens à sa vie. 

Il n’a pas voulu voir sa guérison comme un point d’arrivée:  » enfin je suis guéri, je vais pouvoir reprendre ma vie comme avant », mais comme un point de départ: « Qu’est-ce que Dieu attend de moi maintenant qu’il m’a guéri ? »

La guérison n’a pas seulement été pour lui un miracle, ça a été, aussi et surtout, un signe pour sa vie à venir.

Par rapport aux autres lépreux il a franchi une étape de plus, en reconnaissant Jésus comme la source de sa vie… 

si bien que Jésus peut lui dire avec assurance : « relève-toi, ta foi t’a sauvé ». Il n’est pas simplement “guéri”, mais il est “sauvé” au sens où il a compris que Dieu, grâce à Jésus, est désormais auprès de lui à chaque instant de sa vie. 

En langage des scouts aînés, on pourrait dire que ce samaritain a pris son départ routier, ou son flot rouge. Il a compris que le compagnonnage avec Jésus c’est pour la vie.

Jésus en est d’autant plus bouleversé que cet homme est un Samaritain, or les Samaritains étaient considérés par les Judéens comme des hérétiques, étrangers à la foi juive authentique. 

Alors que les 9 Judéens auraient dû reconnaître dans leur guérison un signe de la venue du messie, et revenir en toute hâte vers Jésus pour en faire le centre de leur vie, aucun d’eux ne l’a fait et c’est le samaritain qui a compris que Jésus est le messie.

Et nous aujourd’hui?

Que pouvons-nous retenir aujourd’hui de ce texte pour notre vie quotidienne:

  1. Une invitation à laisser dans notre prière quotidienne une part importante au remerciement; que Notre prière ne soit pas uniquement une prière de réclamation quand ça va mal, mais aussi une prière de louange et de remerciement quand ça va bien.
  2. Une invitation à reconnaître dans nos vies les signes que Jésus nous a donné de sa présence pour que cela puisse faire grandir notre foi en lui. Pour cela, nous pouvons relire les moments de notre vie où nous avons reconnu son soutien et sa force et lui demander: qu’est ce que tu attends de moi aujourd’hui?
  3. Une invitation à travailler à l’unification de notre vie pour qu’il n’y ait pas, d’un côté des moments sacrés où nous nous sentons la présence de Dieu, par exemple quand nous sommes ici à la messe, et de l’autre côté des moments profanes où nous vivons sans penser à Dieu. 

Je pense spécialement à vous, les scouts-aînés. Hier vous avez présenté aux parents de magnifiques diaporamas sur les temps forts de vos camps scouts: il y avait beaucoup de joie, vous avez vécu des choses extraordinaires et des temps forts sur le plan spirituel. La question c’est de savoir comment faire en sorte que ces moments ne restent pas des temps forts de votre histoire passée, mais que cela deviennent des éléments marquants pour votre année à venir? Comment allez-vous vous nourrir de ces temps forts pour que quelque chose change dans votre vie quotidienne aujourd’hui?