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Laudate Deum

Laudate Deum

Le 4 octobre dernier, 8 ans après la publication de “Laudato Si’”, l’ency­clique sur l’écologie, le pape François a publié une exhortation apos­tolique, intitulée Laudate Deum (Louez Dieu) à destination de “toutes les per­sonnes de bonne volonté, sur la crise climatique”. Il ne s’agit pas, à proprement parlé, d’une suite de l’encyclique Laudato Si’, mais plutôt d’une invitation à prendre conscience de l’urgence de la crise éco­logique qu’elle soulignait et dénoncer, 8 ans après sa parution, le manque de mesures concrètes pour construire notre “Maison commune”. Il est temps de réagir, dit le pape, si nous ne vou­lons pas que des changements irréversibles vien­nent aggraver encore la situation.

Dans un 1er chapitre, le pape revient sur la crise climatique globale qui marque notre planète, et en premier lieu son réchauffement.

Il constate de grosses résistances à met­tre en place les changements nécessaires sous prétexte que les périodes de ré­chauffement ou de ou de refroidissement ont toujours existé ; que le réchauffe­ment est à relativiser car il y a aussi des froids plus extrêmes ; que la surchauffe liée à la pollution serait infime par rap­port à celle causée par la surpopulation de certains pays, que la fin de l’utilisation des énergies fossiles créerait beaucoup de chômage dont les effets seraient pires que ceux du réchauffement…

Chiffres à l’appui, le pape balaie ces arguments en insistant sur l’accélération considérable du réchauffement clima­tique. 42% de la production des gaz à effet de serre émise depuis 1850 l’ont été depuis ces 30 dernières années.

Le réchauffement impacte non seule­ment la surface de la terre, mais aussi l’at­mosphère et les mers, provoquant une augmentation de leur acidité et la fonte rapide des glaciers.

Le pape constate que cette crise éco­logique n’est pas vraiment un centre d’intérêt pour les grandes puissances économiques, soucieuses du plus grand profit, au moindre coût et dans les plus brefs délais possibles (13).

Or cette crise écologique, qui pour l’instant a un impact réel, mais encore modéré, va s’aggraver rapidement, les changements mineurs, risquant d’en provoquer de plus grands qui seraient irréversibles (17).

Dans un 2e chapitre, le pape s’arrête sur le “paradigme technocratique” qui pré­vaut dans les sociétés les plus riches. Cela consiste à considérer que “la réalité, le bien et la vérité surgissent spontané­ment du pouvoir technologique et éco­nomique” (20). Le développement de l’In­telligence Artificielle et des technologies modernes, non seulement oublie que les ressources de lithium, silicium ou autres terres rares, ne sont pas illimitées, mais surtout laisse croire à un pouvoir tou­jours grandissant de l’homme, face auquel la réalité non-humaine de la terre est une simple ressource à son service (22).

Or toute augmentation du pouvoir de l’homme n’est pas forcément un pro­grès pour l’humanité.

La nature ne nous est pas extérieure, nous sommes inclus en elle. La vie humai­ne, l’intelligence et la liberté sont insé­rées dans la nature qui enrichit notre pla­nète et font partie de ses forces internes et de son équilibre (26).

La logique de profit maximum au moin­dre coût, déguisée en rationalité, en progrès et en promesses illusoires, rend impossible tout souci sincère de la “Maison commune” et toute préoccu­pation pour la promotion des laissés-pour-compte de la société (31).

Dans un 3e chapitre, le pape aborde la faiblesse de la politique internationale pour résoudre cette question.

De la même manière que les pays se sont dotés d’organismes internationaux pour réguler le commerce, il faudrait des organisations mondiales dotées d’autori­té et de moyens de pression effectifs pour assurer le bien commun mondial et veiller à l’intérêt des plus faibles. Mais, comme on perçoit également la limite de ces structures tenues par les élites du pouvoir et la complexité des échanges multipolaires qui régissent aujourd’hui notre monde, il faut aussi faciliter l’émer­gence de nouvelles structures. Celles-ci pourraient permettre des échanges à partir des populations locales pour répondre aux défis environnementaux, sanitaires, culturels et sociaux, renforcer les droits de l’homme, la dignité humaine et la protection de notre “Maison com­mune” (42).

Au 4e chapitre le pape dresse le bilan des différences conférences sur le climat, qui réunissent plus de 190 pays, depuis plusieurs décennies.

Certaines ont apporté des engagements majeurs, comme la décision de la réduc­tion des gaz à effet de serre à la COP de Kyoto (1997), l’introduction d’un méca­nisme de perte et dommages causé par le dérèglement climatique. La COP 21 de Paris, en 2015, a permis des décisions unanimes sur l’objectif de limitation d’augmentation de la température glob­ale… Mais on a vite vu, notamment au moment de la guerre en Ukraine, com­bien tous ces accords devenaient tout à coup cadu­ques et comment les centrales à charbon, par exemple, ont été rouver­tes pour limiter l’impact de la guerre sur l’économie de nombreux pays.

Globalement les accords n’ont été que peu mis en œuvre, faute de réévaluation périodique et de sanctions en cas de manquement (52).

Au 5e chapitre, le pape suggère quel­ques pistes en vue d’une réussite de la prochaine COP à Dubai, notamment en invitant à prendre la question du climat dans sa globalité et en ne se contentant pas de chercher des remèdes techniques à chaque problème environnemental – ce qui a pour effet d’éluder la question fondamentale de la sauvegarde de la planète – et d’oser prendre des mesures qui soient : efficaces, contraignantes et facilement contrôlables (59).

Le pape termine son exhortation apos­tolique en rappelant ses motivations spirituelles : la responsabilité des êtres humains vis-à-vis de l’ensemble de la création ; l’importance qu’avait pour Jésus le contact avec la nature et les nombreuses références qu’il y fait dans ses discours ; la conviction que le salut englobe l’ensemble de la nature ; le lien invisible qui relie tous les êtres de l’uni­vers pour former une famille universelle ; la conscience de notre responsabilité commune devant les catastrophes éco­logiques ; le chemin nécessaire de récon­ciliation avec le monde qui nous accueil­le ; les nécessaires conversions person­nelles, familiales et communautaires pour aider à mettre en place ces grands processus de trans­formation qui seront nécessaires (71).

L’encyclique “Laudato Si’” avait contri­bué, chez beaucoup de chrétiens, à une vraie prise de conscience de l’impor­tance des questions écologiques ; cette exhortation résonne davantage comme un cri d’alarme pour que chacun puisse agir à son niveau.

À notre niveau nous avons peu d’influ­ence sur la prochaine COP, mais si déjà chacun d’entre nous prenait une ou deux petites résolutions pour préserver notre « Maison commune », comme dit le pape, nous aurions bien avancé.

Au niveau paroissial, nous pourrions commencer à nous inscrire dans le processus « Église-verte » Cela néces­site qu’un petit groupe s’y investisse au nom de la paroisse. Si certains sont volontaires, merci de vous faire connaître à la sacristie.

Père Henri de La Hougue