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Le visage de l’Église synodale

Le visage de l’Église synodale

La session du synode sur la synodalité dans l’Église s’est achevée à Rome le 28 octobre dernier. L’assemblée synodale a rédigé un rapport de synthèse qui doit servir dans tous les diocèses pour poursuivre la réflexion jusqu’à la prochaine assemblée qui aura lieu en octobre 2024. 

Ce rapport s’organise en trois parties :

  1. “le visage de l’Église synodale” qui présente les principes théologiques qui éclairent et fondent la synodalité.
  2. “Tous disciples, tous missionnaires” qui traite de tous ceux qui sont impliqués dans la vie et la mission de l’Église et de ses relations. 
  3. “Tisser des liens, construire la communauté”, sur les échanges entre Églises et le dialogue avec le monde.


Il me semble important que nous puis­sions découvrir ce texte pour mesurer les enjeux de ce synode qui sont plus larges et plus profonds que ce qu’en rapportent certains médias uniquement intéressés par des scoops.

Ce texte de 35 pages n’est disponible pour l’instant qu’en italien. Je propose donc d’en résumer les enjeux dans cet édito (partie 1) et les deux qui suivront (partie 2 et partie 3).

I “Le visage de l’Église synodale”

  1. La synodalité, expérience et compré­hension

La synodalité n’est pas seulement une méthode pour l’organisation du synode, elle est une manière de vivre en Église qui met l’accent sur la participation d’un plus, grand nombre aux débats qui animent l’Église.

L’assemblée synodale nous invite à bien articuler ce concept avec ceux de com­munion et de collégialité, en tenant compte des Églises catholiques Orienta­les, mais elle souligne la portée prophé­tique de cette pratique dans un contex­te de montée de l’individualisme et du populisme ou de globalisation.

Elle suggère que cette culture synodale puisse être vraiment proposée comme une richesse dans nos paroisses ; et pour cela qu’elle soit accueillie positivement par le clergé et travaillée théologiquement et canoniquement comme une mise en œuvre du “sens de la foi des fidèles” le “sensus fidei” qui est un critère de discernement si important dans la vie de l’Église.

  1. “Rassemblés et envoyés par la Trinité”

La synodalité aux niveaux spirituel et ecclésial traduit cette dynamique de Dieu qui vient à la rencontre de l’humanité, qui dialogue avec elle, en vue de l’accomplissement du Règne de Dieu. L’assemblée invite les communautés à vivre des “conversations dans l’Esprit”, des moments où on vit “l’expérience du partage à la lumière de la foi et dans la recherche de la volonté de Dieu, dans une atmosphère authentiquement évangélique dans laquelle l’Esprit Saint peut faire entendre sa voix indubitable”.

L’assemblée attire néanmoins notre at­tention sur les critères de discernement nécessaires pour articuler l’écoute de la Parole de Dieu dans les Écritures, l’accueil de la Tradition et du Magistère de l’Église et la lecture prophétique des signes des temps.

  1. “Entrer dans une communauté de foi”

L’assemblée souligne la richesse des parcours d’initiation chrétienne à travers lesquels le Seigneur introduit les croyants à la foi pascale et les insère dans une communion trinitaire et ecclésiale. Différentes formes de parcours existent, mais il y a toujours au centre l’écoute de la Parole de Dieu, la conver­sion de la vie, la célébration liturgique et l’insertion dans la communauté et sa mission.

Dans ces parcours nous faisons l’expéri­ence que chaque baptisé est capable de dire quelque chose de profond et d’es­sentiel pour la vie de l’Église. Ce “sens de la foi” se développe au fur et à mesure, grâce à la vie sacramentelle. Il y a donc dans ce cheminement, au cœur de la vie de l’Église, une synodalité effective où chaque baptisé prend progressivement toute sa place.

L’assemblée invite à prendre soin de nos liturgies pour qu’elles soient une école de fraternité et donnent envie de grandir comme disciples du Seigneur. Pour que tous se sentent concernés, elle suggère de valoriser toutes les formes de prière, notamment les formes de piété populaire qui permettent à tous de s’exprimer.

  1. Les pauvres, protagonistes du chemin de l’Église

Ce que les pauvres attendent de l’Église, c’est de l’amour, c’est-à-dire un respect, un accueil, une reconnaissance, sans lesquels la fourniture de nourriture, d’argent ou de services sociaux, (qui représente une forme d’assistance importante), ne prend pas pleinement en charge la dignité de l’homme. Les formes de pauvretés que nous rencontrons, matérielles ou spirituelles, sont multiples et nous ne savons pas toujours y répondre. Mais se tenir près des pauvres, c’est déjà prendre soin de notre maison commune, car le cri de la terre et le cri des pauvres sont un même cri.

L’assemblée propose de mieux mettre en valeur la doctrine sociale de l’Église qui est trop peu connue. Elle demande que l’expérience de la rencontre, du partage de la vie et du service des pauvres et des marginaux fasse partie des parcours de formation proposés aux communautés chrétiennes.

  1. Une Église de “toute tribu, langue, peuple et nation”

Les Églises vivent dans des contextes toujours plus multiculturels et multire­ligieux. Vivre la mission de l’Église dans ce contexte demande un style de pré­sence, de service et d’annonce qui cherche à construire des ponts, cultiver la compréhension réciproque et s’imprégner d’une évangélisation qui accompagne, écoute et apprend.

Conscient des tensions qui peuvent exister entre le souci d’évangéliser et le souci d’entrer en dialogue, l’assemblée invite à porter une attention particulière à la manière et aux langages que nous utilisons pour toucher les esprits et les cœurs des personnes. Elle souligne l’importance du service et du dialogue comme lieu essentiel de notre identité ecclésiale.

  1. Traditions des Églises Orientales et de l’Église Latine

Entre les Églises Orientales, qui sont en pleine communion avec le successeur de Pierre, il y a une expérience d’unité dans la diversité qui peut offrir un précieux apport pour enrichir notre pratique de la synodalité.

Pour que l’Église Latine et les Églises Orientales puissent s’enrichir mutuelle­ment, il est nécessaire de développer les liens entre nos Églises, spécialement quand nos communautés sont géogra­phiquement proches.

  1. En chemin vers l’unité des chrétiens

Le synode a été marqué par une veillée œcuménique pré-synodale et par la pré­sence de personnes issues d’Églises orthodoxes et protestantes. Nous avons “un seul Dieu, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous qui est au-dessus de tous, à travers tous et en tous(Eph 4, 5-6). Le baptême, qui est au centre de notre réflexion sur la synodalité, constitue également le fondement de l’œcuménisme. La collaboration de tous les chrétiens est nécessaire pour faire face aux défis de notre temps, notamment dans nos sociétés sécularisées.

L’assemblée propose une commémora­tion commune, en 2025, de l’anniversaire du Concile de Nicée (325), et invite à profiter du fait que la fête de Pâques tombe cette année-là à la même date dans toutes les Églises pour développer ce lien œcuménique.

Ce résumé de la première partie du rapport est dense. Il nous permet néanmoins de comprendre le sens de ce synode et des réflexions qui y ont eu lieu et donne déjà quelques pistes à développer pour mettre davantage en œuvre cette synodalité dans notre communauté.

Père Henri de La Hougue