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La sanctification du “temps présent”

La sanctification du “temps présent”

Ayant accompagné pendant plusieurs années des mémoires de master, je me retrouve assez bien dans cette approche philosophique qui distingue deux formes de pensée : une pensée “spéculative” et une pensée “positive”.

Celui qui a un esprit “spéculatif et anticipateur a l’avantage de pouvoir faire plusieurs choses à la fois, de se laisser questionner par les sujets et les personnes qu’il croise, de passer plus vite d’une chose à l’autre, de n’être pas souvent pris au dépourvu. Mais il a l’inconvénient de ne pas bien profiter des événements présents, d’avoir du mal à mettre une conclusion à ses recherches. Il est plus facilement angoissé parce qu’il pense toujours aux éventualités négatives qui pourraient arriver, plutôt que de profiter de l’instant présent.

Celui qui a un esprit “positif” (au sens du “positivisme”, de celui qui avance en s’appuyant sur ce qui lui paraît déjà véridique plutôt qu’en spéculant sur ce qui pourrait arriver) a l’avantage d’une pensée moins inquiète, il est plus facilement capable de faire des synthèses et des schémas logiques qui l’aident à trouver des repères.

En revanche, il a moins de goût pour envisager l’avenir, il est moins sensible aux questions des autres, il peut parfois même fuir la réalité présente quand elle paraît trop complexe et se réfugier dans un passé idéalisé ou dans ses propres schémas.

Si la sainteté consiste à vivre chaque instant avec le Christ, il est essentiel de donner au “temps présent” toute sa densité pour y laisser le Christ nous unifier intérieurement. Cela implique d’accepter le monde présent avec sa complexité comme lieu où le Christ nous appelle à faire venir son règne, sans être bloqué dans une nostalgie du passé ou par l’incertitude de l’avenir. On peut alors profiter des grâces qui nous sont données au jour le jour et traverser humblement les épreuves en étant capable de savourer les petites victoires de chaque jour.

A la fin du livre 11 de ses « Confessions », Saint-Augustin réfléchit sur le lien entre la foi et le temps. Habituellement, dit-il, on distingue trois temps : le passé, le présent, et l’avenir. Mais si on regarde bien ce que nous percevons dans notre esprit, il vaudrait mieux parler du “présent du passé”, du “présent du présent”, et du “présent de l’avenir” :

  • le “présent du passé” c’est la mémoire,
  • le “présent du présent”, c’est l’attention actuelle,
  • le “présent de l’avenir”, c’est son attente.

Je trouve que cette réflexion de Saint-Augustin nous invite à bien vivre le présent comme lieu essentiel de sanctification :

  • si nous envisageons le passé, ce n’est ni pour le regretter, ni pour nous y réfugier… mais c’est pour faire mémoire de notre itinéraire en vue du présent et de l’avenir.
  • si nous envisageons l’avenir, ce n’est ni pour que cet avenir nous accapare, ni pour nous laisser aller aux angoisses de l’incertitude, mais pour réaliser la portée et la valeur de ce que nous faisons aujourd’hui.

Le passé et l’avenir n’existent, dans notre esprit, que par rapport au présent. Et c’est dans ce présent que nous devons accueillir la grâce du Christ, ou plus exactement laisser le Christ habiter en nous.

Que notre foi ne soit ni nostalgique du passé, ni angoissée par l’avenir. Le passé est passé et l’avenir appartient à Dieu. Le présent nous est confié. Dieu compte sur nous pour que nous collaborions avec lui pour le construire.

Père Henri de La Hougue