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“Seigneur, tu me scrutes et tu sais” (Ps 138)

“Seigneur, tu me scrutes et tu sais” (Ps 138)

Les catéchumènes vivent durant ces 40 jours qui précèdent leur baptême, un “itinéraire spirituel”, marqué des rites d’exorcisme, d’onction d’huile et d’imposition des mains, que l’on appelle les “scrutins”.

Ce mot “scrutin”, qui dans le français courant évoque un vote déposé dans une urne pour des élections, prend ici un sens particulier, plus proche de l’étymologie latine du mot scrutari : “fouiller, rechercher, visiter”. Il s’agit de scruter les intentions des catéchumènes pour voir leur détermination à aller jusqu’au bout dans leur démarche de baptême.

Spirituellement, ce mot évoque aussi, pour chacun de nous, notre disponibilité à nous laisser scruter, regarder, conseiller, guider et orienter par Dieu, jusque dans les plus petits détails de nos vies.

Et il faut bien reconnaître qu’une telle démarche spirituelle n’est pas toujours si facile : elle demande un certain abandon, une bienveillance et une confiance, car nous pouvons éprouver le sentiment d’une perte de liberté, surtout si notre vision de la religion est un peu moralisatrice et culpabilisante. Alors, spontanément, le fait d’être placé sous l’observation de Dieu, avec l’impression d’un Dieu qui guetterait nos faux pas en vue du jugement dernier, pourrait être assez éprouvant et même insupportable. Dieu pourrait être vu comme un “empêcheur de tourner en rond”.

La prière du psaume 138 (139), semble traduire cet écartèlement entre la fascination du psalmiste par ce Dieu attentif aux moindres détails de sa vie et le sentiment d’oppression qui peut en découler. Après avoir décrit cette omniprésence, le psalmiste évoque ce désir irrépressible de fuir :

Tu me scrutes, Seigneur, et tu sais ! Tu sais quand je m’assois, quand je me lève ; de très loin, tu pénètres mes pensées. […] “Où donc aller, loin de ton souffle ? où m’enfuir, loin de ta face ?

Pourtant, au fil de la prière, le psalmiste reconnaît les bienfaits de cette présence : grâce à elle, les difficultés se résolvent, les ténèbres s’éclairent et la présence de Dieu vient rendre plus féconde sa vie :

la nuit devient lumière autour de moi […] Je reconnais devant toi le prodige, l’être étonnant que je suis : étonnantes sont tes œuvres, toute mon âme le sait”.

A la fin du psaume, le reproche adressé dans un premier temps à Dieu devient une demande insistante :

Scrute-moi, mon Dieu, tu sauras ma pensée, éprouve-moi, tu connaîtras mon cœur”.

En cette mi-carême, il y a sans doute, pour chacun d’entre nous, un certain abandon spirituel à vivre, de telle sorte que nos efforts de carême placés sous le regard inquisiteur de notre conscience (vais-je y arriver cette année ?) puissent laisser progressivement place à une attitude de disponibilité intérieure où nous reconnaissons un travail de libération et d’éclairage de nos cœurs qui s’opère progressivement.

Si Dieu sait tout, s’il nous suit de près, s’il scrute nos cœurs et nos pensées, ce n’est pas pour nous juger, ni pour nous surveiller, mais parce qu’il nous aime et que chaque détail de notre vie l’intéresse. Dieu a le désir profond d’être uni à nous en toute chose, mais il ne forcera jamais notre liberté. En acceptant cette présence, nous ferons l’expérience d’une libération en profondeur qui nous donnera beaucoup de joie.

Père Henri de La Hougue